Entreprises et apprenants demandent
aujourd’hui des formations différentes, innovantes, plus interactives et surtout
plus efficientes. Quels sont les types de formations qui offrent cette valeur
ajoutée ? Qu’est ce qui leur confère leur efficacité ? Quelle est l’andragogie
active de ces outils ? L’innovation est au cœur des besoins de
l’entreprise dans de nombreux domaines.
L’offre de formation peut elle aussi s’inscrire dans cette logique tout en
offrant du sens et une adaptation réelle aux attentes.
La demande d’innovation montante de la part des apprenants est légitime
et arrive au bon moment
Elle est légitime : parce que
les formations classiques sont à bout de souffle. Descendantes,
magistrales, soporifiques même parfois, elles n’atteignent que très peu leurs objectifs principaux. La
mémorisation concerne un faible pourcentage des éléments transmis et est
souvent de courte durée. Quant à leur mise en pratique, elle semble encore plus
réduite. Malgré ces piètres résultats, ce format de transmission des savoirs
continue de structurer l’ensemble du système scolaire et se poursuit trop
souvent encore dans l’enseignement supérieur. Une partie importante du décalage
que l’on déplore entre le monde scolaire / universitaire et les attentes
pragmatiques de l’entreprise provient de ce mode d’apprentissage (des contenus
aussi, bien sûr).
Les écoles alternatives existent pourtant, et certaines donnent des
résultats intéressants. Citons parmi elles l’école proposée par Sophie Rabhi (fille de Pierre Rabhi) qui, s’inspirant de Montessori, Krishnamurti, Freinet,
Steiner, Alice Miller et Dolto, pratique
une "Pédagogie de la bienveillance" au sein d'un éco-village pédagogique ardéchois.
Citons également les initiatives de certaines grandes écoles qui
innovent, testent, osent avec bonheur une nouvelle culture de formation des
futurs entrepreneurs et cadres. C'est le cas notamment d'un programme très novateur proposé depuis deux ans par EM Lyon Business School et Centrale Lyon. I.D.E.A., c'est son nom, programme d'innovation entrepreneuriale,
intègre l’art, l’action les outils collaboratifs, non comme une récréation,
mais comme de véritables supports d’apprentissage, développeurs cognitifs et
vecteurs pédagogiques de compétences créatives, adaptatives et sociales.
Elle arrive au bon moment : car les neurosciences
et leurs apports de connaissances sur le fonctionnement du cerveau en apprentissage, sur la
mémoire et sur l’intelligence humaine permettent désormais de concevoir des
processus de formation beaucoup plus efficaces et durables, composant avec les spécificités du cerveau.
Dans l’entreprise, au travers de la formation continue, ce sont à
nouveau nos « générations Y » qui poussent, bousculent, demandent des
évolutions. Habitués au monde interactif des jeux vidéo et au partage des
savoirs sur le net, ils sont néanmoins très preneurs de connaissance. Mais ils se
veulent acteurs de leur apprentissage. Vous n’avez pas plus tôt évoqué un concept,
cité une référence ou un auteur dans une session qu’avant la fin de votre
phrase, ils vous donnent déjà le déroulé et les détails qu’ils viennent de découvrir
sur Google, Wikipédia ou sur un think-tank.
Pour commencer à répondre à ces nouveaux besoins et à ces rythmes
différents, les dix dernières années ont vu fleurir le e-learning, les serious
games, les MOOC (Massive Open Online Courses) des cours gratuits en
ligne intégrant du multimédia et une interactivité avec des coachs.
Mais une formation innovante et
efficace, c’est comment ?
L’efficacité d’une formation,
innovant ou non, est proportionnelle à sa capacité à composer avec toutes les
zones et caractéristiques du cerveau. Le CERI (Centre pour la Recherche et
l’Innovation dans l’enseignement) s’est largement penché, en collaboration avec
l’OCDE sur les leviers de réussite d’un apprentissage et sur ses freins. Des
neuroscientifiques ont décrit les conditions d’une neuro pédagogie/andragogie
optimale. Et les constats convergent pour inciter les professionnels à concevoir
des sessions qui utilisent notamment les éléments suivants comme des
outils centraux :
- L’action : l’apprenant est mis en situation d’agir, d’apprendre à faire et devient acteur de sa montée en compétence. Il est encouragé à expérimenter, autorisé à se tromper. Le cerveau apprend de ses essais et erreurs. La mémorisation est renforcée par le geste, par l’action répétée. La session est donc une première mise en pratique. L’idéal, pour parvenir à l’intégration réelle, est un accompagnement qui va permettre à l’apprenant de s’entraîner, de répéter l’action régulièrement, comme dans la pratique d’un instrument. Ainsi le cerveau va ainsi développer de plus en plus de connexions neuronales, voire un réseau important qui faire passer la personne d’apprenant à autonome et même à expert si la compétence se développe encore.
- L’émotion : parce qu’elle est, elle aussi, un fort vecteur de mémorisation. Tout type d’émotion, et non seulement la peur, comme on pourrait le penser. Celle-ci peut d’ailleurs s’avérer contre-productive, la sensation d’une pression trop forte pouvant faire perdre à une personne ses moyens de compréhension et d’action.
Bien des solutions créatives peuvent
être imaginées pour solliciter l’action des apprenants et associer l’émotion.
Mais les neurosciences et toutes les expérimentations que nous avons réalisées
nous amènent à privilégier deux vecteurs qui offrent réellement des trésors d’apprentissages
possibles :
l’art et le jeu.
L’un et l’autre de ces outils mettent les apprenants en action, sollicitent une pensée analogique et métaphorique, et génèrent des émotions. Ils deviennent alors des outils-supports pédagogiques/andragogiques d'une grande puissance et suscitent en plus une forte adhésion, ce qui renforce l'engagement des participants et les résultats positifs. L’apprenant, par
nature des actions proposées (jeu andragogique ou pratique artistique), est hors
de son contexte professionnel. Une fois passés les premiers instants d'étonnement face à la sollicitation inhabituelle, chaque participant peut ainsi s’engager dans l’action artistique ou ludique sans pression du résultat, sans autre enjeu que le plaisir du moment. Car le but, et ceci est capital, n’est
ici ni la compétition, ni la performance artistique.
Quant aux liens avec la
pratique professionnelle et les d’apprentissages, ils se font très vite et très
spontanément par l’apprenant lui-même, grâce à des parallèles cognitifs. L’émotion
que procure le plaisir du jeu ou le plaisir de pratiquer un art (chant,
peinture, sculpture…) vient ancrer la mémoire de l’action.
Les résultats sont véritablement
étonnants d’efficacité, qu’il s’agisse de ludo pédagogie ou de pratique artistique. Mais je conclurai sur une maxime du Bouddha : « Ne
croyez pas ce que je vous dis, faites votre expérience par vous-même avant de
le croire ».
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