lundi 23 décembre 2013

Nous vivons une époque formidable



Récemment, Profil-Leader se trouvait à la 1ère fête des lauréats du Réseau Entreprendre Languedoc Roussillon. Une soirée dynamisante et pleine de promesses quant aux volontés toujours existantes d’entreprendre. Progressivement, à l'écoute des différents chefs d'entreprises qui exprimaient leur enthousiasme et leur passion, s’est mis à résonner dans mon cerveau comme un murmure tout d’abord, puis une exclamation irrépréssible, à l’aube de la nouvelle année :
Nous vivons une époque formidable !
Cela peut paraître étonnant, en cette période de contagion pessimiste. Mais si le proverbe « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse » se vérifie particulièrement ces dernières années, il n’en demeure pas moins que la forêt pousse ! Pour le voir, il faut peut-être, parfois, changer de lunettes, sortir de son seul champ de vision et de références, chercher d’autres sources d’information. ECOUTER-OBSERVER vraiment.  Or, le processus qui consiste à remettre en question nos croyances peut s'avérer, pour le cerveau humain (au regard des neurosciences) une tâche d'une grande difficulté.

Il s'agit en effet de percevoir AUSSI ce qui ne va pas dans le sens de ce à quoi nous nous attendons. Cela demande un effort d’ouverture et  de conscience peu confortable pour le cerveau. Ce que nous montre l’observation neuroscientifique, c’est que, contrairement à ce que nous pourrions penser :

Nous ne croyons pas ce que nous voyons, mais nous voyons ce que nous croyons

C'est un des apports étonnants des connaissances sur le cerveau. Notre système perceptuel s'organise en effet essentiellement à partir de ses références internes, assez peu à partir du monde extérieur. La mémoire fonctionne comme un "organe sensoriel" très puissant. C'est ce qui est étonnant : 99 % de nos perceptions sont basées sur ce qui est déjà présent dans notre mémoire, dans notre système d'évaluation et nos croyances. Seul 1 % de nos perceptions sont réellement nouvelles.

Ainsi, au plus les croyances sont intégrées et profondes, au plus il est énergétiquement "coûteux" pour un cerveau de les remettre en question en percevant d'autres représentations, idées, visions possibles.

Or actuellement, ce que beaucoup de nos concitoyens croient, et donc perçoivent parmi les "bruits d’arbres qui tombent", c’est que la France, malgré des atouts certains, est un pays en voie de désindustrialisation.  Cette croyance, assez largement partagée par une partie des élites, se poursuit dans la conviction que la désindustrialisation serait une catastrophe pour le pays. Cette certitude, relayée dans les médias, sur les réseaux sociaux, émaille les chroniques de bien des commentateurs de l’économie... mais pas tous !

C’est là que nous pouvons peut-être essayer de chausser d’autres lunettes, pour regarder les éléments d’une manière un peu différente.

Car finalement, qu’est-ce qui fait dire aux intervenants médiatiques, politiques, comme à de nombreux chefs d’entreprise, et jusqu’au au café du Commerce, que l’industrie, au sens « fabrication de vraies choses » serait LA voie d’une économie forte et de création d’emplois, alors que l’économie des services risquerait d’amener dangereusement le pays à un statut de parc de loisirs géant ?... Deux choses. Vraisemblablement, d'une part, le souvenir du passé, et d'autre part une  difficulté cognitive.

Le souvenir du passé et du paradis perdu

Nous regardons bien souvent l’histoire du développement économique au travers du prisme des trente glorieuses, et cherchons à recréer ce paradis perdu, certes confortable, mais qui n’est plus.
Pascal Pick - Paléaoanthropologue Professeur au Collège de France
C’est compréhensible, logique, c’est même « bio-logique »… mais c’est vain. Et ce refus de deuil et de désapprentissage ralentit l'évolution vers la construction d'un nouveau modèle, en cohérence avec le changement de monde. Le contexte actuel est totalement inédit. Les Hommes, les situations, les flux sont différents. De même que le sont les moyens, les types d’interactions, le rapport au temps. Tout cela s'est transformé et la mutation n'en est sans doute qu'à ses débuts. Le booster que représentent les nouvelles technologies qui continuent d'avancer, de nous bousculer, de nous interroger à grande vitesse ne donne pas à tous le temps nécessaire pour "intégrer" et s'adapter. D'autres pays semblent avoir un rythme de compréhension et d'intégration plus rapide (les États Unis notamment). Le facteur culturel (croyances collectives, habitus, poids de l'histoire, vision du pays de lui-même et de sa place dans le monde...) joue un rôle essentiel.

Le monde a profondément changé, c'est une banalité que de le dire. Or, de nombreux systèmes, piliers de la société (que l'on peut trouver dans certains de nos groupes politiques, entrepreneuriaux, syndicalistes, associatifs, familiaux, individuels...) cherchent à maintenir ou retrouver une homéostasie (équilibre) passée. Et cela, en tentant de rétablir des constituants externes qui n'existent plus.

Pourtant, le phénomène des services comme moteurs de l'économie n'est pas réellement récent, seule sa conscience l'est. Cette tendance a en effet été amorcée dès la reconstruction d'après guerre et est une caractéristique de toutes les économies dites "modernes". Mais notre cerveau peine à se représenter l'immatériel (les services, les idées, la culture) comme un bien réel et de valeur. Nous devons donc "désapprendre", individuellement et collectivement, certains éléments pour faire place à de nouvelles connexions neuronales créatives, de nouvelles représentations pour voir / entendre la forêt qui peut pousser, celle qui pousse déjà, et construire le monde de demain au lieu de le subir.

Une difficulté cognitive liée à la tradition protectrice

 Croyances et représentations à changer sont d'une ampleur et profondeur telles qu'elles expliquent la difficulté cognitive à nous transformer.

Pascal Pick - Paléaoanthropologue Professeur au Collège de France
Une de nos croyances les plus difficiles à abandonner est liée à la notion de protection et de sécurité. Elle est d'autant plus épineuse à transformer qu'elle est à la fois culturelle (tradition d'un état protecteur) et en lien avec la biologie. Car notre déterminisme de recherche survie nous amène instinctivement à viser l'évitement du danger et de la douleur, et donc à privilégier la sécurité sous toutes ses formes (physiologique, psychologique, sociale...).

Ainsi nous avons construit une protection collective toujours plus large, à la fois fantastiquement utile, mais constituant également un piège cognitif et social. Nous nous sommes grandement habitués à certains éléments de sécurité, même si une partie d'entre nous ne les a pas réellement vécus : sécurité de l'emploi, statut protégé (fonction publique), système de santé généreux, politique de protection de la famille, principe de précaution... Certains de ces systèmes sont, redisons-le, hautement utile. Mais peut-être trop généralistes, pas assez bien ciblés, n'intégrant pas suffisamment de vision systémique. Et par ailleurs, certains sont véritablement un frein cognitif aux évolutions. La routine, l'habitude, le territoire connu, ou un statut protégé sont sécurisants. Hélas, cette caractéristique souligne par essence la représentation de tout changement comme facteur de mise en danger. Cela bride les velléités créatives et certaines adaptations nécessaires.

C'est ce qui fait que pour l’instant, nous recherchions le plus souvent le rebond de filières en difficulté. C'est plus facile à concevoir pour le cerveau parce que plus rassurant. Ce sont en effet des filières connues, qui, pour certaines, ont été des fleurons de l'industrie.

Ainsi, l'on crée des plans de sauvetage, en injectant des fonds publics (dans l'industrie automobile par exemple) pour maintenir des entreprises ou des pans de l’économie. Des systèmes malades, ayant besoin de se réformer en profondeur, et même, pour certains peut-être, de disparaître. Le propos est dur, certes, mais il s’agit basiquement d’un principe biologique de survie collective, partagé par  tout système vivant : le système qui ne s’adapte pas meurt. Darwin est toujours d’actualité pour nous le rappeler : « Ce ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes qui survivent, mais celles capables de s’adapter ».

Etre darwinien en économie

Nous avons (nous = pays d'Europe), dans l'histoire, souvent façonné le monde, hélas de manière impérialiste et dominatrice. Puis nous nous sommes endormis (nous = France) sur cette suprématie tout en continuant de nous penser comme une puissance mondiale. Et nous gardons quelque part cette espérance plus ou moins consciente que nous allons encore une fois dompter un monde dans lequel, aujourd'hui comme hier, ce que l'un gagne, l'autre le perd. Or cette vision gagnant-perdant nous empêche de voir la nécessité et l'intérêt de rapports plus collaboratifs. Comme l'indique Pascal Pick, paléoanthropologue, Maître de conférences au Collège de France, « Être darwinien en économie, ce n’est pas éliminer les autres mais écarter des pratiques et des modèles aux effets délétères pour la croissance et l’ensemble de la société ».

Car le monde en devenir ne s'adaptera pas à nous. Il est aujourd'hui connecté, de plus en plus transversal, avec des modes organisationnels où l'intelligence, la créativité est collective et l'information partagée. Notre vision française de l'économie, liée à des modes de pensée rigides, semble ainsi fossilisée et arc-boutée autour d'industries vieillissantes, de la compétition, d'organisations par trop pyramidales. Alors que de nouvelles sphères émergent, dans des cerveaux brillants, innovants, et de petites ou moyennes structures, qui sont parfois (souvent ?) contraintes d'aller s'expatrier pour trouver une ouverture d'esprit et des fonds et se développer. La Sillicon Valley continue d'être un attracteur majeur pour nos entrepreneurs.

Les structures de pensée et d'organisation de type "vieux monde" ne sont plus en phase avec la nouvelle économie, les applications qu'elle permet et les bouleversement qu'elle va entraîner. Par exemple, Google, qui a toujours un monde d'avance, s'intéresse et investit aujourd'hui des sommes colossales dans la santé. Le but ? Déjouer la mort ! Cela peut faire sourire certains. Pourtant, il y a fort à parier sur de prochains progrès majeurs de la recherche, grâce à la focalisation de Google. La créativité comme caractéristique principale de sa culture, ajoutée à des moyens énormes et une forte motivation liée à l'histoire personnelle de ses dirigeants, autant de conditions pour parvenir, sinon à l'immortalité, au moins à des avancées extraordinaires.
La seule chose permanente, c'est le changement

Il n'est pas question, bien sûr, d’abandonner les hommes lorsque des organisations disparaissent, mais bien au contraire de les aider étroitement à développer de nouvelles compétences et dépasser leurs craintes. En revanche il est illusoire, ainsi que le proclamait récemment Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, « d’entretenir de fausses illusions et d’engloutir cyniquement de l’argent public dans des activités qu’on sait condamnées. L’État peut faciliter les médiations industrielles ou les gâcher complètement. Le dossier Heuliez est un exemple tragique de gâchis industriel qu’il faudra absolument éviter à l’avenir. »

Il est crucial que les humains des secteurs et des entreprises en naufrage puissent être accompagnés vers de nouvelles filières. Que les fonds publics soient alors utilisés plus largement dans ces perspectives constructrices d’avenir que dans des sauvetages impossibles. 

Accompagner les collaborateurs non seulement vers de nouvelles compétences, mais également  vers de nouvelles représentations : le changement de métier plusieurs fois en cours de vie est une des caractéristiques du monde nouveau. Changement de « métier », pas seulement d’entreprise. Il y a donc des deuils à faire, des résiliences à vivre, des paradigmes individuels et collectifs et des habitudes à modifier. Cela peut faire peur aux plus anciens, mais les jeunes générations l'ont déjà intégré dans leur ADN, et c'est tant mieux. Jamais la vision d'Héraclite n'a été autant d'actualité : la seule chose permanente, c'est le changement.

Tout ceci demande évidemment du courage, de la persévérance à tout le monde, individus et groupes, une reconnaissance de ce qui est, et de l’émotion associée. Cela demande un nouveau regard, plus factuel, pour envisager les ressources et les routes possibles. Ce n’est pas facile, car un contexte d’incertitude ne rassure pas (et nous savons que notre cerveau a besoin de se rassurer). Il brouille, au travers du filtre de la crainte, nos capacités à nous projeter de façon concrètement optimiste. En termes de survie, il est souvent plus « utile » pour le cerveau d’envisager le danger, afin de l’éviter ou de tenter de le combattre, que de se représenter un chemin d’avenir et une opportunité potentielle.

La transformation demande aussi beaucoup aux systèmes collectifs : là également, du courage est nécessaire. Mais il faut aussi aux entreprises et aux systèmes politiques plus de connaissances, un regard systémique acéré, une honnêteté intellectuelle, un travail émotionnel, doublé d’une capacité de vision tournée vers l’avenir plutôt que vers un Eldorado des années 70 qui ne reviendra plus.
Une forêt de ressources... à valoriser

Mais véritablement, parallèlement au vieux monde qui souffre et fait souffrir, la forêt pousse !  
Des entreprises meurent, c’est malheureusement vrai. Mais d’autres naissent, avec un niveau de compétences et de connaissances souvent élevé (qui demande une adaptation des systèmes de formation), et apportant des technologies nouvelles dans presque tous les secteurs de la vie économique. 

Cette forêt-là est agile, plus horizontale que verticale, prête à des collaborations diverses et inattendues, à des regroupements et des partages de ressources, ouverte à des idées nouvelles, à l’écoute des besoins du monde, du progrès humain en évolution et dans une démarche créative permanente.
De petites et moyennes entreprises françaises, très innovantes, réussissent à faire leur place sur des marchés de niche. Une des caractéristiques que ces structures ont la plupart du temps en commun, c’est l’audace. De celle qui réduit, dans le cerveau, l’activité des zones gérant la peur (l’amygdale cérébrale) permettant ainsi plus de créativité. Cette audace se produit souvent lorsqu'il y a passion. La motivation est alors plus forte que les craintes.

Nous avons en France de réelles et nombreuses ressources de compétences, de savoirs, de savoir-faire, pour penser, investir et construire les transformations au lieu d'en être les simples témoins effrayés. Une myriade d’entreprises et de nouvelles technologies sont en train de transformer / façonner nos relations et processus professionnels, sociétaux ainsi que notre économie. Elles sont en train de constituer le nouveau tissu industriel. Car l'industrie n'est pas morte, bien au contraire ! Elle change de visage, est devenue numérique, fait appel à des compétences de haut niveau et assez peu à de la main d’œuvre non qualifiée. Les services sont aujourd'hui partie intégrante de l'industrie (et 61 % des ingénieurs exercent leur art dans les services). Il est important de pouvoir les considérer sous ce nouvel angle afin de valoriser leur intérêt, de faciliter et professionnaliser encore leur développement.

Il est également capital de transformer le monde universitaire et ses schémas. Les profs ne connaissent pas l'entreprise et la voient souvent comme le diable. Comment pourraient-ils aider les étudiants à s'y intégrer et à entreprendre eux-mêmes ? Dans bien des cursus (notamment scientifiques) les initiatives pour préparer les étudiants à la vie professionnelle ne sont pas soutenues par les professeurs, et sont essentiellement perçues comme des moyens de glaner quelques points supplémentaires pour valider un diplôme. Nous sommes loin des campus américains intégrant la vie des entreprises au travers de collaborations diverses avec elles. Les modèles américains ne sont pas forcément enviables sur tous les plans, mais il peut être bon de s'inspirer de ceux qui fonctionnent bien.

La technologie au cœur de la forêt ! 

Parmi toutes ces pépites de transformation, l'on peut citer quelques exemples :

  • Les machines interconnectées à distance grâce à des cartes SIM en dialogue. Une technologie en plein développement et de plus en plus utilisée dans les secteurs de la santé, du transport, la télésurveillance…
  • Les data et les moyens décuplés, plus précis, plus rapides d’analyser et comprendre les données des clients et autres partenaires. Les « big data » (BimeIntersec  …).
  • Les modes de financement participatifs des projets grâce aux plateformes de crowdfunding qui diversifient leurs approches,  apportent des solutions collaboratives, et permettent de contourner les systèmes bancaires rigides et peu visionnaires.
  • Les biotechnologies qui offrent des perspectives étonnantes dans le domaine de la santé, de l'agriculture, de la préservation de l'environnement, de la production d'énergie.
  • La robotique, les technologies médicales, la biologie moléculaire, qui offrent d'extraordinaires perspectives de chirurgie mini-invasive, de prévention santé et de nouveaux espoirs pour le traitement de l'épilepsie, de la maladie de Parkinson, et de nombreuses autres pathologies.
  • Les applications incroyables que semble permettre l'imprimante 3d : santé (prothèses sur mesure) recherche fondamentale (impression de tissu organique réduisant considérablement la recherche sur les animaux, impression de cellules souches...) etc.
  • Les métiers traditionnels eux-mêmes sont en train de se transformer en intégrant technologies et innovation. Véronique Furlan, directrice de SEPR Lyon (centre de formation professionnelle) le constate dans l'évolution de la formation professionnelle. Elle parle avec enthousiasme d'une "dynamique d'innovation". Et elle indique que l'innovation n'est pas réservée à quelques secteurs, loin s'en faut, mais se développe et est utilisée dans bien des domaines. "La technologie, en lien avec des compétences transversales et transférables, rapproche et modernise des secteurs aussi différents que la bijouterie, l'ébénisterie et la fabrication de prothèses dentaires. Cela ouvre des possibilités d'évolutions de carrières et de métiers. Par exemple, certains métiers ont été modifiés par la notion de développement durable. Un électricien aujourd'hui doit compter avec de nouveaux matériels auxquels il devra adapter sa pratique. Les coiffeurs opèrent un "verdissement" avec l'arrivée des produits bio, les ébénistes doivent intégrer l"écoconception", et se soucier de la provenance des matériaux, du type de montage et de recyclage  ...".

Ces quelques exemples (bien loin d'être exhaustifs) n'ont pour but que d'illustrer de nouvelles manières de penser et d'agir, influençant l'activité professionnelle, l'évolution de l'économie, de la société, des modes de vie et les consciences aussi.

Notre rapport à la santé, à l’énergie, à l’environnement, à l’éducation, aux échanges, à la production de biens, de services, à la compétence, à la formation initiale et continue…, un grand nombre de paradigmes inédits sont en train de se dessiner. Les contours ne sont pas encore nets. Les bouleversements sont générés dans un grand nombre de domaines. On comprend que beaucoup de systèmes aient le sentiment de perdre presque tous les repères.

Si certains luttent, tentent de résister, de retarder cette mue collective, d'autres, comme nous l'avons vu plus haut, décident de co-construire les nouvelles interactions, les nouveaux modèles économiques et sociaux. De regarder le présent et l’avenir plutôt que le passé. D'autres pays que la France sont d'ailleurs déjà loin devant nous dans ces constructions.

La stratégie appropriée, pour faire partie de la forêt qui pousse, serait de faire des choix de plantations systémiques et responsables. Davantage guidés par l’ouverture et l’envie que par la crainte. Un beau chemin de vie sociétal et individuel…

Ne vivons-nous pas une époque formidable ?

mardi 3 décembre 2013

Les ateliers Gospel Vox Team, pour les entreprises : la presse en parle !

Sabine Kouli et Sandrine Musel ont animé récemment un nouvel atelier Gospel Vox Team dans le cadre du Forum Entreprise et Carrière de l'Université Lyon 1. Un événement destiné à permettre aux étudiants et aux cadres et dirigeants d'entreprises de se rencontrer, de s'approcher, et peut-être de revoir les représentations des uns vis à vis des autres.

A cette occasion, et dans une démarche innovante pour l'université, les organisateurs du Forum, Brigitte Prevel et Patrick Monassier, ont souhaité qu'un atelier Gospel initie ce lien entre des mondes qui trop souvent s'ignorent. Quoi de plus inattendu et en même temps de plus fédérateur que de chanter côte à côte, une heure durant, des refrains générant du plaisir partagé ?

Il n'était que de voir les sourires et les visages lumineux des participants pendant et au sortir de l'atelier pour finir de se convaincre que le pari fait par les organisateurs de rapprocher étudiants et professionnels était gagné. L'accompagnement de l'atelier ayant favorisé les liens et les changements d'images a priori, le cocktail qui a suivi l'atelier a été riche en échanges, et animé d'une dynamique inédite !


mardi 26 novembre 2013

La formation est efficace et durable lorsqu’elle s'appuie sur le fonctionnement du cerveau




Entreprises et apprenants demandent aujourd’hui des formations différentes, innovantes, plus interactives et surtout plus efficientes. Quels sont les types de formations qui offrent cette valeur ajoutée ? Qu’est ce qui leur confère leur efficacité ? Quelle est l’andragogie active de ces outils ? L’innovation est au cœur des besoins de l’entreprise dans de  nombreux domaines. L’offre de formation peut elle aussi s’inscrire dans cette logique tout en offrant du sens et une adaptation réelle aux attentes.
La demande d’innovation montante de la part des apprenants est légitime et arrive au bon moment

Elle est légitime : parce que  les formations classiques sont à bout de souffle. Descendantes, magistrales, soporifiques même parfois, elles n’atteignent que très peu leurs objectifs principaux. La mémorisation concerne un faible pourcentage des éléments transmis et est souvent de courte durée. Quant à leur mise en pratique, elle semble encore plus réduite. Malgré ces piètres résultats, ce format de transmission des savoirs continue de structurer l’ensemble du système scolaire et se poursuit trop souvent encore dans l’enseignement supérieur. Une partie importante du décalage que l’on déplore entre le monde scolaire / universitaire et les attentes pragmatiques de l’entreprise provient de ce mode d’apprentissage (des contenus aussi, bien sûr).

Les écoles alternatives existent pourtant, et certaines donnent des résultats intéressants. Citons parmi elles l’école proposée par Sophie Rabhi (fille de Pierre Rabhi) qui, s’inspirant de Montessori, Krishnamurti, Freinet, Steiner, Alice Miller et Dolto,  pratique une "Pédagogie de la bienveillance" au sein  d'un éco-village pédagogique ardéchois. 
 
Citons également les initiatives de certaines grandes écoles qui innovent, testent, osent avec bonheur une nouvelle culture de formation des futurs entrepreneurs et cadres. C'est le cas notamment d'un programme très novateur proposé depuis deux ans par EM Lyon Business School et Centrale Lyon. I.D.E.A., c'est son nom, programme d'innovation entrepreneuriale, intègre l’art, l’action les outils collaboratifs, non comme une récréation, mais comme de véritables supports d’apprentissage, développeurs cognitifs et vecteurs pédagogiques de compétences créatives, adaptatives et sociales.          


Elle arrive au bon moment : car les neurosciences et leurs apports de connaissances sur le fonctionnement du cerveau en apprentissage, sur la mémoire et sur l’intelligence humaine permettent désormais de concevoir des processus de formation beaucoup plus efficaces et durables, composant avec les spécificités du cerveau.

Dans l’entreprise, au travers de la formation continue, ce sont à nouveau nos « générations Y » qui poussent, bousculent, demandent des évolutions. Habitués au monde interactif des jeux vidéo et au partage des savoirs sur le net, ils sont néanmoins très preneurs de connaissance. Mais ils se veulent acteurs de leur apprentissage. Vous n’avez pas plus tôt évoqué un concept, cité une référence ou un auteur dans une session qu’avant la fin de votre phrase, ils vous donnent déjà le déroulé et les détails qu’ils viennent de découvrir sur Google, Wikipédia ou sur un think-tank.

Pour commencer à répondre à ces nouveaux besoins et à ces rythmes différents, les dix dernières années ont vu fleurir le e-learning, les serious games, les MOOC (Massive Open Online Courses) des cours gratuits en ligne intégrant du multimédia et une interactivité avec des coachs. 

Mais une formation innovante et efficace, c’est comment ?

L’efficacité d’une formation, innovant ou non, est proportionnelle à sa capacité à composer avec toutes les zones et caractéristiques du cerveau. Le CERI (Centre pour la Recherche et l’Innovation dans l’enseignement) s’est largement penché, en collaboration avec l’OCDE sur les leviers de réussite d’un apprentissage et sur ses freins. Des neuroscientifiques ont décrit les conditions d’une neuro pédagogie/andragogie optimale. Et les constats convergent pour inciter les professionnels à concevoir des sessions qui utilisent notamment les éléments suivants comme des outils centraux :

  • L’action : l’apprenant est mis en situation d’agir, d’apprendre à faire et devient acteur de sa montée en compétence. Il est encouragé à expérimenter, autorisé à se tromper. Le cerveau apprend de ses essais et erreurs. La mémorisation est renforcée par le geste, par l’action répétée. La session est donc une première mise en pratique. L’idéal, pour parvenir à l’intégration réelle, est un accompagnement qui va permettre à l’apprenant de s’entraîner, de répéter l’action régulièrement, comme dans la pratique d’un instrument. Ainsi le cerveau va ainsi développer de plus en plus de connexions neuronales, voire un réseau important qui faire passer la personne d’apprenant à autonome et même à expert si la compétence se développe encore.
  • L’émotion : parce qu’elle est, elle aussi, un fort vecteur de mémorisation. Tout type d’émotion, et non seulement la peur, comme on pourrait le penser. Celle-ci peut d’ailleurs s’avérer contre-productive, la sensation d’une pression trop forte pouvant faire perdre à une personne ses moyens de compréhension et d’action.
Bien des solutions créatives peuvent être imaginées pour solliciter l’action des apprenants et associer l’émotion. Mais les neurosciences et toutes les expérimentations que nous avons réalisées nous amènent à privilégier deux vecteurs qui offrent réellement des trésors d’apprentissages possibles : 

l’art et le jeu.

L’un et l’autre de ces outils mettent les apprenants en action, sollicitent une pensée analogique et métaphorique, et génèrent des émotions. Ils deviennent alors des outils-supports pédagogiques/andragogiques d'une grande puissance et suscitent en plus une forte adhésion, ce qui renforce l'engagement des participants et les résultats positifs. L’apprenant, par nature des actions proposées (jeu andragogique ou pratique artistique), est hors de son contexte professionnel. Une fois passés les premiers instants d'étonnement face à la sollicitation inhabituelle, chaque participant peut ainsi s’engager dans l’action artistique ou ludique sans pression du résultat, sans autre enjeu que le plaisir du moment. Car le but, et ceci est capital, n’est ici ni la compétition, ni la performance artistique. 

Quant aux liens avec la pratique professionnelle et les d’apprentissages, ils se font très vite et très spontanément par l’apprenant lui-même, grâce à des parallèles cognitifs. L’émotion que procure le plaisir du jeu ou le plaisir de pratiquer un art (chant, peinture, sculpture…) vient ancrer la mémoire de l’action.

Les résultats sont véritablement étonnants d’efficacité, qu’il s’agisse de ludo pédagogie ou de pratique artistique. Mais je conclurai sur une maxime du Bouddha : « Ne croyez pas ce que je vous dis, faites votre expérience par vous-même avant de le croire ».