dimanche 17 février 2013

Neurosciences : leur apport au management



Les neurosciences, par essence de fonctionnement, offrent l’exemplarité d’une réussite collaborative interdisciplinaire. Mais surtout, elles apportent des connaissances et un éclairage précieux au monde de l’entreprise, aux managers, aux collaborateurs et aux dirigeants.


C’est quoi les neurosciences ?
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Durant les années 60, cela ne concernait qu’une branche de la biologie étudiant le système nerveux. Les neurosciences ont ensuite évolué vers une coopération entre des branches scientifiques différentes : biologie, psychologie, anthropologie, médecine, chimie, informatique, mathématique, cybernétique. 

Aujourd’hui, les neurosciences sont de plus en plus présentes dans l’ensemble de la société, et bien des secteurs ont déjà compris (avec des objectifs toutefois bien différents) tout l’intérêt de leurs apports quant à la connaissance des fonctionnements humains : l’économie, le marketing, le management et même (aux Etats Unis surtout) le monde judiciaire.

Ce qui caractérisent les neurosciences et a permis des avancées considérables ces dernières années, c’est leur observation de cerveaux vivants, grâce aux technologies d’imagerie médicale. Elles permettent ainsi, par l’observation du cerveau en action, d’appréhender les processus psychiques : comportements relationnels, motivationnels, résistance/acceptation/adaptation au changement…

Si l’on peut raisonnablement penser que les années à venir vont permettre des découvertes fascinantes, les neurosciences ont d’ores et déjà permis des avancées considérables sur la compréhension du fonctionnement du cerveau humain, des comportements, de l’intelligence et de la pensée. Elles ont apporté une nouvelle crédibilité à la psychologie qui se dote aujourd’hui de moyens d’investigation scientifiques et rigoureux (neuro psychiatrie et neuropsychologie). Elles commencent également à ébranler largement certaines certitudes que nous avait inculqué le monde économique, telles que le concept de l’homo economicus qui se trouve aujourd’hui mis à mal par les neurosciences. 

Dans la mesure où celles-ci offrent une approche de plus en plus précise et scientifique du comportement humain, elles demandent, comme tout progrès, à être utilisées avec éthique. Le danger pourrait venir d’une tentation de façonner dès l’enfance des êtres d’excellence, ou de manipuler des groupes humains ou des individus. 

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« L’homme a acquis des connaissances énormes sur le monde inanimé, mais sa connaissance de lui-même n’a pas suivi une accélération identique et il manie aujourd’hui, en pleine ignorance du fonctionnement de son inconscient, une puissance  de destruction considérable » (Henri Laborit).
L’entreprise qui n’existe que par, avec, et pour des humains, quoi qu’on l’oublie parfois, est un bon terrain de ce fonctionnement le plus souvent inconscient. Il n’est que de consulter les études sur l’état général actuel de la motivation, de s’informer sur tous les cas de conflits, malaise au travail etc. pour comprendre qu’il ne suffit pas d’être soi-même un être humain pour savoir interagir avec d’autres humains. Et cela que l’on soit dirigeant, manager ou collaborateur.  La plupart du temps, la régulation relationnelle en entreprise et même le management se font de manière empirique et intuitive. Les représentations, le cadre de référence, l’expérience personnelle de chacun, SA vérité, deviennent alors LA vérité. Ce qui aboutit très fréquemment à des rapports de forces, des jeux de pouvoirs et d’influence, des quiproquos relationnels… Que d’énergie et de performance perdues pour l’entreprise ! Que de modes d’apprentissage douloureux pour tout le monde, au lieu d’être valorisants et motivants !

  Les neurosciences offrent pourtant des connaissances de plus en plus précises qui changent le regard sur l’humain et sur l’entreprise :

  • Elles prouvent aujourd’hui de manière scientifique le lien entre état émotionnel apaisé, bien-être social, développement cognitif et performance humaine, et donc de l’entreprise.
  • Elles permettent de comprendre certains de nos automatismes biologiques, de les dépasser ou de les utiliser autrement.
  • Elles permettent de mieux comprendre les ressources et les filtres de l’intelligence humaine dans la conduite des entreprises.
  • Elles nous amènent ainsi à réfléchir et à penser l’organisation et la collaboration d’une manière différente.
  • Elles torpillent des neuromythes et changent ainsi le regard que l’on pouvait avoir sur l’humain en général, et sur les humains qui nous entourent en situation professionnelle notamment.


Elles apportent un éclairage précieux sur :
Le fonctionnement de l’intelligence humaine :
·    La pensée est incarnée : les liens sont établis à présent entre la structure physiologique du cerveau et la pensée (travaux de Varela et d’Edelman notamment). La pensée n’est pas un élément immanent, mais elle est bel et bien « incarnée » dans des connexions physiques du cerveau. Cela offre ainsi de nouvelles voies pour la montée en compétences et le processus d’apprentissage.
·    La plasticité du cerveau est immense: le cerveau apprend tout au long de la vie, se développe et se réorganise au fur et à mesure des apprentissages, c’est-à-dire des connexions et éliminations synaptiques, et l’on sait aujourd’hui que de nombreux neurones se régénèrent (neurogénèse).
Les stratégies de résistance au changement, de défense, les modes d’adaptation, d’évolution

Les sources et mécanismes de motivations
Quels sont  les moteurs et les freins humains, quels sont les environnements stimulants et les cadres limitants, quels sont les éléments nécessaires au maintien / à la stimulation de la motivation, cœur des préoccupations de l’entreprise et du manager.

La place et l’importance de l’émotion
Dans un environnement qui la dénie, l’entreprise, l’émotion est pourtant tout aussi présente que dans les autres situations de la vie. Les neurosciences nous apprennent en quoi elles sous-tendent nos fonctionnements :
·        Les apprentissages
·        La mémoire
·        La cohésion
·     La prise de décision (sans émotion, il est démontré que l’on ne peut plus prendre de décision rationnelle)
·        La motivation

La manière d’interagir socialement et de collaborer
La collaboration et l’altruisme comme ancrages biologiques viennent heurter les croyances des tenants de l’homo economicus, mais sont néanmoins une réalité de notre humanité. Les neurosciences nous montrent l’importance et l’articulation, pour l’animal humain, des relations sociales, de l’émotion, de l’empathie, de la reconnaissance, de la solidarité.
Tant d’apports encore pourraient être cités, les quelques éléments ci-dessus n’étant qu’un panel bien réducteur, incomplet et imparfait. Ce qui peut toutefois être ajouté, c’est qu’il est véritablement passionnant de pouvoir accompagner aujourd’hui les entreprises qui le souhaitent dans une démarche de culture humaniste et d’organisation collaborative, grâce à ce support fantastique que sont les neurosciences.

4 commentaires:

  1. Les neurosciences sont la tarte à la crème en vogue. Mais elles n'expliquent pas encore tout, et les conclusions tirées actuellement réserveront quelques surprises. On ne peut interpréter ou manipuler autrui ni par la graphologie, ni par la psychologie, ni par les neurosciences sans se tromper en raison de nombreux biais. Chaque neuroscientifique glose sur ses découvertes, mais il reste un fossé gigantesque entre deux factions concernant la relation entre cerveau et esprit. Les physicalists d'une part, qui considèrent que l'esprit n'existe pas et que le cerveau est un simple ordinateur..., et d'autres neuroscientifiques, le plus souvent mis de côté, qui ont montré l'inanité des postulats de ces physicalists au plan de la rigueur scientifique, mais aussi grâce à des techniques comme l'IRM fonctionnelle. Mais quelle importance, les humains aiment bien mettre des étiquettes...Rêvez RH et managers!
    Un médecin.

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    1. Bonjour cher... anonyme médecin,
      Vous êtes tout à fait libre de votre pensée, (et, au passage, la pensée, la critique, l'argutie font aussi partie des fonctions cognitives propres à l'homme). Et libre d'écrire, même anonymement, que les neurosciences sont une "tarte à la crème". Il semble d'ailleurs que vous connaissiez l'avenir puisque vous nous prédisez des surprises ??? Les neurosciences rendent néanmoins de grands services, précisément lorsqu'elles sont assorties de l'éthique nécessaire dont je parle, afin d'éviter les risques de manipulation que vous semblez craindre. Elles n'ont pas vocation à "mettre des étiquettes". Juste à donner des outils qui aident la relation, notamment en entreprise, et croyez-moi, c'est vraiment précieux, et il n'y a aucune prétention à l'infaillibilité.

      Je vous sens quelque peu amer, et toutefois pas assez en colère pour signer votre message... C'est un peu dommage. Vous êtes néanmoins le bienvenu sur ce blog. Car nous respectons toutes les pensées, et l'on peut tout à fait ne pas être d'accord avec ce qui est dit sur ce blog. Pour autant, cette plate-forme se veut constructive, collaborative et optimiste. Nous souhaitons donc que cette ligne éditoriale soit respectée dans les commentaires et que ceux-ci soient force de propositions, de suggestions, de partage d'expériences plutôt que vainement vindicatifs. Merci pour votre compréhension.
      Sandrine Musel

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  2. Le mauvais usage que l'on peut faire des neurosciences en management (comme en thérapie, pédagogie...) ne relève pas de cette discipline ni d'aucune autre d'ailleurs, mais de la précipitation, du manque de rigueur... qui sont d'abord des maladies de jeunesse d'une discipline ou de ses applications. Je pense pour ma part qu'il s'agit d'un vivier de ressources nouvelles considérable (une fois passé l'ère des truismes re-toilettés) et qui donne déjà de précieux outils pratiques (mais qui ne résolvent pas tout assurément).
    Jacques Fradin, médecin, consultant-formateur comportementaliste

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  3. Merci Monsieur Fradin pour votre commentaire et cet apport de vision bien utile que je partage. L'outil n'est jamais en cause, mais bien plutôt l'usage que l'on en fait et l'objectif que l'on poursuit. L'apport de nouvelles connaissances et de nouvelle compréhension de l'humain que permettent les neurosciences peuvent nous aider à construire d'autres rapports tant dans l'entreprise qu'en politique et dans la société en général.
    Un grand merci à vous ! Au plaisir de prochains échanges.

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