samedi 1 novembre 2014

Partager une expérience émotionnelle positive dans son entreprise pour développer de nouveaux liens collaboratifs

Nous avons souvent l'occasion de l'évoquer, de rédiger des articles ou de relayer des études scientifiques sur ce sujet : l'art, en particulier le chant, fait partie intégrante des outils recommandés et pratiqués par Consultante Énervante dans l'entreprise.


Et cette fois encore, le chant s'invite dans la sphère professionnelle au travers d'une démarche originale : des collaborateurs et des managers partagent la scène avec le groupe

Soul River, le temps d'un atelier de répétition puis d'un concert.


Le partage d'une expérience émotionnelle positive telle que celle-ci ancre dans la mémoire individuelle et collective d'une équipe de nouvelles perceptions, un nouvel élan empathique. La pratique du chant en groupe, même sur un moment d'exception tel que proposé ici, permet d'activer les circuits de la récompense dans le cerveau. Les perceptions mutuelles et les interactions se modifient et le plus étonnant, c'est que cela dure bien au-delà de cette journée partagée.

Dans le cadre d'une action de cohésion d'équipe, le groupe Soul River propose plusieurs formules aux entreprises pour vivre cette expérience forte et exceptionnelle.


  Ecouter et voir Soul River


Contacter le groupe Soul River ? Ils sont à l'écoute ici :
sandrine.musel@wanadoo.fr



vendredi 31 octobre 2014

La musique, une arme efficace contre la dépression des jeunes

Un programme de musicothérapie combiné à des antidépresseurs a permis de réduire les symptômes dépressifs chez des jeunes de 8 à 16 ans. C'est une équipe de la Queen's University de Belfast en Irlande du Nord qui vient de le démontrer à partir d'un programme de douze semaine d'ateliers hebdomadaires d'une trentaine de minutes d'improvisation musicale.

 Lire: La musique, une arme efficace contre la dépression des jeunes | Actualité | LeFigaro.fr - Santé

dimanche 26 octobre 2014

Chanter pour stimuler des compétences professionnelles



« Je ne sais pas chanter » ; « Chanter ? Moi ? Mais tout le monde va quitter la pièce ! » « Si je me mets à chanter, le temps va changer, nous serons en alerte rouge pour la pluie ! » .  Voici quelques exemples de petites phrases régulièrement entendues. Dites avec légèreté, elles expriment néanmoins  la croyance communément partagée que la personne qui parle ne sait pas/ne peut pas chanter, sous peine de ridicule, aussi vaudrait-il mieux, pense-t-elle, s’abstenir. Certes les français ne sont pas le peuple le plus « chanteur » d’Europe (allemands et italiens par exemple ont en effet une culture chantée toujours actuelle). Pour autant, le chant a largement fait partie de nos traditions.  

Une tradition motivante et ressourçante

De fait, l’on chantait dans les terres agricoles. De nombreuses régions de France sont riches d’un patrimoine de chants célébrant les différentes étapes des cultures (semailles, moissons…). De même on ne compte plus les chants décrivant le quotidien ouvrier des 19ème et 20ème siècles. Chants de révolte et de lutte, et aussi chants de travail.  Dans les usines de filature de la soie par exemple, le chant rythmait en temps réel les gestes de travail des ouvrières. Il leur permettait aussi de rester en connexion et en communication malgré l’environnement bruyant des machines. L’une commençait une mélodie, les autres répondaient, reprenaient le refrain. 

Chanter décuplait et approfondissait le sentiment d’appartenance à une communauté et la solidarité entre les membres. Ce qui était notable également, c’était l’enthousiasme la joie et le regain de force que procurait le simple fait de chanter, et de chanter ensemble. L’encouragement et le renouvellement des forces tant physiques que  psychologiques, nettement perceptible, s’explique aujourd’hui par les activations hormonales que génère le simple fait de chanter.

Les chants étaient souvent représentatifs d’une condition (ouvrière) ou d’une corporation : les chants des fileuses, ceux des marins, ou encore les chants des compagnons (du Devoir, ou Maçons…).

Le chant revient dans l’entreprise et booste les capacités
Séminaire Coffee&Cie - Une chorale improvisée... et qui improvise !

Ainsi, le chant dans l’environnement de travail est loin d’être une nouveauté. Longtemps tombé en désuétude avec l’évolution des contextes, des métiers et des pratiques, il y revient aujourd’hui, et cette réhabilitation permet d’en constater tous les bienfaits individuels, collectifs, professionnels et entrepreneuriaux. En effet, chanter stimule un grand nombre de nos capacités, toutes nécessaires à l’activité professionnelle.

Lorsque nous écoutons de la musique ou encore jouons ou chantons, de nombreuses parties de notre cerveau sont activées. La pratique du chant constitue en elle-même un outil à fort potentiel pour étudier, comprendre le fonctionnement et le développement du cerveau et de certaines compétences.

Le plus récent exemple que l’on peut citer a eu lieu lors du séminaire d’entreprise de la Société Coffee&Cie. Spécialisée dans la vente directe de cafés, thés et accompagnements, l’entreprise avait centré le thème du séminaire sur le talent. Un des objectifs était de faire prendre conscience aux participants que, au-delà de nos croyances sur nous-mêmes, souvent limitantes, nous pouvons tous développer, augmenter, élargir des talents. Notamment (et indépendamment des compétences techniques) ceux dont on a besoin dans une relation client, un développement de réseau, une approche commerciale : l’intelligence émotionnelle, l’énergie, la créativité, l’audace de prendre sa place, la confiance. Si l’on parle souvent de talent artistique, il est moins fréquent de voir associer talent et approche commerciale. C’était le pari de Coffee&Cie, et c’était un pari gagnant que de proposer ce rapprochement en introduisant la démarche artistique dans un séminaire professionnel, en permettant aux participants de voir, d’entendre de ressentir, de pratiquer, au travers de deux univers artistiques : la peinture, et la pratique du chant. 

Séminaire Coffee&Cie - Exercice collaboratif
Il était très touchant de constater le plaisir et toutes les palettes d’émotions collectivement ressenties, de voir évoluer, en très peu de temps d’atelier, l’audace de « se lancer », l’amusement à le faire, l’étonnement d’entendre sa propre voix monter. Et surtout, très touchant que certains participants puissent dire ensuite qu’ils avaient fait quelque chose qu’ils ne pensaient pas pouvoir faire. Ils se sont dépassés, ils ont osé, et ils ont vu qu’ils pouvaient réussir plus et plus largement qu’ils ne le croyaient. 

Cette nouvelle confiance ressentie permet de nombreuses passerelles constructives avec le quotidien professionnel et les limites que l’on se fixe, et que l’on peut alors plus facilement et progressivement éloigner.

Le chant pour une meilleure concentration, attention et mémorisation

La musique focalise notre attention et stimule notre imaginaire autant qu'elle développe notre registre émotionnel. A l'écoute et en pratiquant, des images et des émotions se succèdent, se superposent, en même temps que notre concentration est soutenue pour écouter activement (ce que beaucoup d’entre nous ont tant de mal à réussir dans une simple conversation). L'écoute active et la pratique du chant monopolisent totalement notre instant présent et constituent ce que le célèbre psychologue Mihaly Csikszentmihalyi (tenant de la psychologie positive) appelle le flow. Une sorte d'état de grâce ou d’extase. Le temps semble s'arrêter et toute l'attention est dédiée à l'écoute ou à la pratique, sans besoin de « penser ». 

Le chant est d’ailleurs aujourd’hui utilisé dans le milieu médical auprès des malades d’Alzheimer afin de les aider à récupérer de la mémoire procédurale. Il est aussi pratiqué dans les formations dont l’objectif est d’amener les participants à retrouver des capacités de concentration émoussées, notamment par un mauvais usage et une sollicitation abusive des nouvelles technologies (mails, messageries instantanées, téléphones…)

Une augmentation de la créativité et de la confiance

Séminaire Coffee&Cie - Exercice collaboratif
L’état de concentration est un des éléments favorisant la créativité car une sensation de sérénité se développe dans cet instant présent. Par ailleurs, chanter active, dans le cerveau, les circuits de la récompense et la sécrétion d’endorphines (hormones du bien-être) et de dopamine (hormone permettant la motricité et la motivation). 

L’imagerie médicale montre que l’amygdale cérébrale (qui gère essentiellement la peur) se met en « sommeil ». Alors peuvent émerger en toute liberté, spontanément, les sentiments de confiance et de compétence. On peut se laisser aller à improviser sans frein. Toute la partie improvisation propre à certains styles musicaux (Jazz, Gospel, et bien d’autres) est à la fois favorisée par la pratique même de la musique (état de flow), et l’improvisation développe elle-même davantage la créativité : nécessité d’anticiper, d’imaginer le résultat, d’oser se lancer, de dépasser des limites. L’état de « flow » que l’on peut facilement atteindre grâce à la musique est l’état propice qui donne le sentiment que nos propres limites s’éloignent. On ne se dit plus que l’on « ne sait pas chanter », « qu’il va pleuvoir si l’on chante ». Tout ceci n’a plus d’importance. Seul compte le plaisir de chanter, et de chanter ensemble.

Lors des ateliers de chant en entreprises, nous constatons systématiquement cette évolution de la confiance en soi, en l’autre, et l’acceptation par chacun de sa propre audace. « Allez, j’ose ! ». La contagion du groupe s’inscrit dans une dynamique positive. Tout le monde (collaborateurs, managers, dirigeants) se retrouve face au même défi individuel et collectif, et le jugement disparaît de lui-même. Et la peur d’être jugé, par conséquence, s’en trouve très minimisée. Les systèmes d’autorisations personnelles s’enclenchent, donnant libre court à des formes créatives très diverses. Transposables ensuite dans un quotidien professionnel, ces autorisations permettent d’enrichir, une faculté créative.

Une détection émotionnelle plus développée et une audition plus performante

Atelier de chant inter entreprises, avec Vox Team
La musique est une aide pour comprendre comment le cerveau traite l'information sonore et sa complexité plus ou moins grande. A l'écoute de la musique, le cerveau reproduit les ondes sonores entendues. Et une pratique musicale dès l'enfance va entraîner une amélioration de certaines facultés importantes telle que l'audition. Ceci influence par conséquent la compréhension et la pratique du langage. 

Les neuroscientifiques ont pu constater que les praticiens de la musique ont une faculté à isoler la voix d'un interlocuteur même dans un environnement sonore bruyant. Par ailleurs, ils parviennent mieux que d'autres  à détecter les émotions dans la voix, par une meilleure perception de la musicalité, de l'intonation et du rythme qui contribuent à donner le sens de nos propos. Aussi, l’attention augmentée, la compréhension du langage et de ses nuances facilitée, le décodage émotionnel de l’interlocuteur devient plus précis. 

Par ailleurs, chanter en groupe (à l’occasion d’un atelier en entreprise ou dans une chorale) développe le ressenti émotionnel et la cohésion, grâce à la sécrétion d’ocytocine (hormone de la cohésion sociale et de l’attachement). L’on devient plus réceptif et plus à l’écoute de l’émotion que l’on partage. Et l’empathie, si importante dans une collaboration au quotidien, peut retrouver sa juste place et réduire les défiances, les luttes de territoires, les incompréhensions. Un décodage émotionnel plus affiné évitera une partie des malentendus et pourra générer davantage d’élan collaboratif.



Bien sûr, plus l’apprentissage du chant se poursuit et est récurrent dans le temps, plus son apport est favorable et notable. Néanmoins, l’on sait aujourd’hui que même interrompu ou ponctuel, l'apprentissage aura une influence positive sur certaines performances. Les ateliers de chant en entreprise démontrent toute l’efficience et l’intérêt de ce support inhabituel.

Il n’est jamais trop tard pour apprendre et pour développer des compétences et des talents. Ainsi, une pratique à l’âge adulte permet de développer bien des points positifs augmentés par l’effet de plaisir qu’apportent le dépassement de soi et la pratique d’une activité qui génère l’état de « flow ».

De nombreuses thématiques d’entreprise peuvent bénéficier des apports du chant (développement du leadership, communication en équipe, cohésion…).  Tout le monde peut. Et toute entreprise peut ainsi entretenir facilement et durablement une dynamique de motivation et de bien-être au travail.

Sources :
Musique et créativité - Vidéo
Musique et cerveau - E. Bigand, M. Habib, V. Brun 

Sérénade pour un cerveau musicien - Pierre Lemarquis

L'apprentissage de la musique dans l'enfance entraîne une meilleure audition

Mihaly Csikszentmihalyi: Creativity, fulfillment and flow  


mardi 26 août 2014

Place ta Voix… et Vois ta Place®!



Est-il une profession dans laquelle une personne n’utilise pas sa voix ? En cherchant bien, l’on trouvera sans doute des activités dans lesquelles on parle peu. Mais nous faisons le présupposé que la grande majorité de nos actions professionnelles requiert des interactions de communication orale intense, qu’elles soient en face à face ou au téléphone. La voix est donc un outil indispensable à notre quotidien professionnel. Mais cet outil nous est si familier, que nous oublions (ou méconnaissons) son importance, sa place dans notre vie et dans notre évolution. Nous n’en prenons la plupart du temps aucun soin particulier alors que nous chouchoutons, rechargeons, changeons nos outils technologiques. Or, une voix ne se remplace pas, ne se « recharge » pas. En revanche, elle peut s’entraîner, se préserver, s’améliorer, et surtout, nous pouvons largement en développer et OPTIMISER son utilisation. De simple « moyen mécanique », elle peut devenir un atout essentiel, une ressource différenciante et un véritable facteur clé de succès.

La voix : ce qu’elle est, et ce qu’elle dit de nous

Innée ET acquise, facteur du développement cognitif et émotionnel
Pour approcher l’importance de ce vecteur à la fois si familier et pourtant si mal connu, les
neurosciences, une fois encore, nous viennent en aide, de même que l’anthropologie et bien d’autres disciplines. Support du langage articulé, la voix est le produit de zones activées dans le cerveau (l’aire de Broca et l’aire de Wernicke) et d’une mécanique complexe : l’appareil anatomique phonatoire (larynx, cordes vocales, la langue, le voile du palais, fosses nasales, lèvres, appareil respiratoire) mais aussi le système auditif, sans lequel la voix ne peut se développer, et qui est également la combinaison d’éléments mécaniques et de transmission au cerveau. 


La voix ne laissant ni traces directes ni fossiles, les scientifiques ne savent pas dater avec certitude l’apparition du langage et de la voix chez les hominidés. L’étude des crânes (avec empreintes des aires de Broca et Wernicke), de l’anatomie, des migrations, des outils les renseignent et donnent lieu aux différentes théories. Selon la plupart des scientifiques, homo habilis (2,5 millions d’années) pratiquait déjà une forme de langage, non complètement abouti, car son larynx demeurant encore en position haute, l’articulation ne pouvait être que sommaire. Puis homo erectus (450 000 ans) aurait plus certainement vu émerger le langage articulé. Certains scientifiques tels qu’Anne-Marie Tillier (anthropologue - CNRS Bordeaux) pensent que Neandertal était également en mesure de parler.

Ce qui est certain, c’est que la voix telle que nous l’avons développée, support du langage articulé et outil de socialisation, est le propre de l’humain et le différencie des autres animaux. Élément majeur de l’évolution humaine, la voix, au travers du langage, a permis le développement du cerveau, la coopération, le développement technologique et a été, pour toutes ces raisons, un facteur important de survie. Si elle a pu émerger, c’est notamment grâce à la bipédie qui a favorisé la descente du larynx.

La voix humaine crée et développe des circuits neuronaux, active les aires cérébrales de la projection, de l’anticipation, du langage, de la créativité. Ainsi, l’entraînement vocal améliore ces capacités.
La voix est à la fois un phénomène inné et acquis. Dès la vie fœtale les circuits cérébraux et mécaniques (d’écoute et de phonation) sont présents. Et le fœtus organise ses circuits neuronaux pour être capable de langage et de chant. Néanmoins, durant les premières années après la naissance, le langage ne pourra émerger que si l’enfant a été stimulé. Car c’est la perception d’une langue parlée qui permet au nourrisson de développer sa propre voix. 

Sans stimulation dès les premières années, pas d’acquisition du langage véritable. Toutes les expériences connues avec des enfants dits « sauvages » n’ayant pu être stimulés dans la petite enfance ont montré que l’acquisition langagière tardive est quasi impossible, que la transmission et le développement humain dans son ensemble demeure alors très perturbé et réduit. En effet, la voix stimule la mémorisation de l’information, le développement cognitif et émotionnel. 

Par le langage, elle permet l’éveil de la pensée abstraite et symbolique, de la projection, l’organisation de la pensée et son expression (dans une boucle permanente). Elle est le support essentiel de la transmission, de l’évolution technique, technologique, scientifique. Elle enrichit la perception émotionnelle et la capacité empathique et collaborative. Elle génère et exprime notre représentation du temps (présent, passé, futur).

Interface entre l’intérieur et l’extérieur
Au-delà de la mécanique anatomique très sophistiquée qui la caractérise, la voix, qui nous accompagne, évolue et nous fait évoluer tout au long de notre vie, est un ingrédient essentiel qui nous relie à nous-mêmes et aux autres. Chaque voix est unique. Une empreinte vocale est aussi identitaire qu’une empreinte digitale. 

Partie intégrante de notre personnalité et de notre moi intime, qu’elle exprime et révèle, elle est un élément physique  (une vibration) qui va déclencher chez nos interlocuteurs de nombreux et très divers stimuli psycho-émotionnels, positifs ou négatifs. Elle véhicule notre imaginaire, notre monde émotionnel, cognitif, philosophique tout autant qu’elle agit sur ces mêmes variables chez l’écoutant.
Elle a donc un rôle permanent, central et contribue très largement, à l’heure actuelle encore, à notre survie et à notre vie. Pour autant, nous ne la maîtrisons, la plupart du temps, que très peu. Bien des paramètres échappent à notre contrôle. De fait, la voix nous révèle de façon si souvent incontrôlée, qu’elle dévoile des parties de nous que nous aimerions parfois cacher ou travestir : émotions, intentions, pensées, sentiments, doutes, plaisir, blessures, manque ou excès de confiance… Qui plus est, ces parties de nous peuvent appartenir à l’instant présent comme au passé, être conscientes ou inconscientes. 

Outil professionnel par excellence

Perception et projection
Si nous ne contrôlons pas tous les effets de notre propre voix, de la même manière nous ne conscientisons qu’une partie de l’incidence que la voix d’un interlocuteur peut avoir sur nous. Par exemple, qui n’a jamais projeté une représentation personnelle après avoir entendu, au téléphone, ou à la radio, une voix à laquelle on a été plus ou moins sensible ? Nous avons pu percevoir / projeter dans cette voix de la sensualité, de l’assurance, de la sérénité, de l’anxiété, du dynamisme, de la joie etc… Il nous arrive même parfois d’imaginer (avec une forte marge d’erreur le plus souvent) la physionomie de notre interlocuteur à partir de sa seule voix ! 

Les professionnels de la voix ne mesurent pas toujours à quel point ils sont dépendants, dans leur réussite professionnelle, de leur outil vocal : télévendeurs, vendeurs et commerciaux en présentiel, services clients, professeurs, formateurs, conférenciers, opérateurs téléphoniques de tous services à distance… Beaucoup ne sont pas véritablement conscients de la valeur et de l’importance de cet outil. Non plus que de l’intérêt majeur qu’ils ont à pratiquer l’entraînement vocal afin d’améliorer, optimiser, préserver et prolonger considérablement leur outil. 

Puis lorsque les pathologies surviennent : rhume, angine, bronchite, on expérimente déjà la gêne occasionnée par une voix enrouée, nasale ou affaiblie. Mais, d’origine bénigne, la gêne disparaît plus ou moins rapidement. La prise de conscience arrive parfois tardivement, lorsque surviennent des dysfonctionnements plus sérieux : dysphonie, extinction de voix, nodules, polypes…
Cependant, consciente ou non, l’influence vocale est fondamentale dans une interaction entre animaux humains. De la même manière qu’elle peut éveiller chez l’auditeur irritation, émoi ou malaise, la voix, outil essentiel de la communication, peut véritablement nous offrir une puissance charismatique déterminante car :

Au-delà des mots, la voix est un langage à part entière, avec ses propres codes
En effet, timbre, harmoniques, fréquences, musicalité, rythme, diction, prosodie, accent, volume, intonations… influencent notre perception de nous-même et la perception que les autres ont de nous. Parce que ces éléments ont une forte incidence sur l’émotion et la perception de nos auditeurs, ils impactent grandement la réussite (comme l’échec) de nos interactions, l’efficience et la puissance de nos messages.
Car ils véhiculent en eux-mêmes du sens, la voix ayant ses propres codes, différents selon les cultures et les langues. Ainsi, en dehors même des mots, la voix est un langage. Elle est porteuse d’un très grand nombre d’informations pour nos interlocuteurs (perçues consciemment et inconsciemment). Tous les composants cités ci-dessus laisseront une empreinte plus ou moins déterminante sur l’écoutant.   
Positifs ou négatifs, les stimuli déclenchés par la voix d’une personne vont activer des zones différentes dans le(s) cerveau(x)  récepteur(s). Il existe une symbolique de l’expression vocale à laquelle on n’échappe peu. Et tout un chacun va « ressentir » l’effet d’une voix, sans pour autant en avoir toute la mesure. On va ainsi ressentir certaines voix comme étant par exemple :

  •           Rassurantes (les voix graves sont souvent perçues comme tel)

  •          Irritantes (les voix trop haut perché, nasillardes ou ayant une diction, un rythme trop rapide)

  •          Apaisantes (les voix douces, s’exprimant avec une diction posée)

  •          Enthousiasmantes (les voix dynamiques, enjouées, souriantes)

  •         

Ainsi, dans une interaction professionnelle et personnelle, la voix est un facteur essentiel d’intelligence sociale, relationnelle, au sens étymologique du terme : inte ligere – lire à l’intérieur. Elle aide à la lecture para verbale d’autrui. Les grands communicants, les grands orateurs et autres professionnels de la voix (chanteurs, comédiens, conférenciers expérimentés, etc.) le savent bien et ont fait de leur voix une compétence, un atout, un talent qu’ils entretiennent, soignent, entraînent.
A l’inverse, une voix « mal placée » et mal utilisée pourra s’avérer non seulement contre-productive, mais bel et bien un obstacle à la réussite pleine et entière d’une relation professionnelle (et personnelle), sans que l’on puisse toujours en identifier (ou avouer) la raison.

Diction trop rapide, manque d’articulation ou intonation inappropriée : une mauvaise maîtrise des codes sera souvent source de confusion. Inaudible ou trop forte, hésitante, timide ou arrogante, la voix peinera à convaincre, à intéresser, à fédérer.

C’est pourquoi, si l’expression « juste » s’applique le plus souvent au fait de chanter (chanter juste ou chanter faux), nous pensons qu’il en va de même pour la voix parler. Nous « parlons juste » lorsque nous utilisons notre outil vocal dans toutes ses expressions et acceptions, et que nous prenons plaisir à optimiser cet atout voire à le développer jusqu’au talent.

Placer sa Voix c’est vocaliser sa place, … sa Vocation ( ?)

Si la voix revêt une telle importance dans nos interactions relationnelles, c’est qu’elle est, ainsi que nous l’avons dit, l’interface entre l’intérieur de l’individu, qu’elle reflète, et l’extérieur. Pour nos interlocuteurs, elle s’inscrit donc dans un ensemble de signaux de communication qui va les renseigner sur notre monde intérieur, et qui va les aider à « évaluer » et décider du type de relation à instaurer. Porteuse de sens, la voix vient secouer, solliciter les neurones qui véhiculent l’information dans le cerveau. Les indications que les auditeurs vont percevoir de notre monde intérieur au travers de notre voix vont, selon les cas, les alerter, les attirer, les apaiser, leur donner confiance, les passionner, etc.
Les composants de la voix que nous avons cités plus haut (timbre, musicalité, harmoniques, intonation, rythme…) révèlent notamment de notre intimité et de notre relation à nous-même, notre degré de confiance en nous, notre rapport aux autres, à la place et au(x) rôle(s) que nous voulons ou parvenons à occuper parmi les autres : une place débordante, exubérante, peut-être agressive, ou au contraire en retrait, ou parfois décalée, ou pleinement assumée, juste, ou encore un rôle protecteur, séducteur, transmetteur, autoritaire, …

Apprendre à parler juste, c’est d’abord apprendre à (s’) écouter
Si la relation entre voix et place n’est pas toujours consciente a priori pour l’intéressé lui-même, elle le devient assez vite dans le cadre d’un travail vocal. D’ailleurs rappelons à toutes fins utiles que VOIX et VOCATION ont la même étymologie (Vox : Voix, qui a donné Vocatio : Vocation). La vocation n’est-elle pas l’essence même de la place dans laquelle on se voit et s’installe ?
 
Le premier pas de conscience entre voix et rapport à soi-même, à ses place et rôle, réside souvent dans l’écoute de sa propre voix. L’auto-perception est d’ailleurs rarement satisfaisante. Vous-même, aimez-vous entendre votre propre voix sur un enregistrement ? 

La réponse est négative ? C’est fréquent. Car nous n’avons pas l’habitude de nous entendre de l’extérieur. Or l’expression comme la perception vocale dépendent beaucoup du filtre de notre oreille, de l’écoute de nous-même et des autres. Écouter c’est apprendre à solliciter notre système d’attention et de concentration (souvent mis à mal dans notre quotidien par de nombreux perturbateurs de l’attention) pour reconnaître les sons, les harmoniques, la mélodie de la voix.  

Le son est d’abord une vibration qui devient ensuite molécule chimique dans l’oreille interne et information électrique dans le cerveau. Les harmoniques de la voix, le timbre, vont solliciter les zones de l’affect. L’intonation, le rythme d’enchaînement des mots, l’accentuation vont générer des représentations et du sens. Modifier la succession, l’articulation des mots et la ponctuation d’une phrase vont en modifier le sens. 

La voix, le verbe, agissent sur notre pensée et celle d’autrui. La phrase que nous prononçons va faciliter et créer l’enchaînement avec la suivante. Certaines phrases prononcées donnent lieu pour celui qui parle, en quelques micros secondes, à une rétro-analyse qui va lui permettre : de rectifier ou d’arrêter le discours, de modérer, préciser, lever des ambiguïtés. Un mot rebondit sur un autre et organise notre pensée (et l’exprime, bien sûr). La résonance influence et enrichit la structure de la pensée, augmente la rapidité de réaction et la créativité verbales. 

Résonance et puissance et verbales sont notamment liées du souffle
S’entraîner à la production des sons, exercer le positionnement vocal, buccal, corporel, est un cheminement passionnant pour le stagiaire, et une véritable découverte de mondes personnels et  de capacités parfois ignorées. A ce titre, travail d’écoute et travail respiratoire sont des souvent des temps forts des ateliers vocaux « Tu Places ta voix, et tu Vois ta Place® ».  L’exploration de son identité vocale, de ses personae et de tous les registres que l’on peut expérimenter, sur lesquels chacun peut s’amuser, apprendre, découvrir, constater les effets sur les autres sont autant de pistes pour lesquelles on s’appuiera en permanence sur le souffle. Apprendre à écouter et apprendre à respirer peut paraître étrange, car il nous semble que nous savons faire cela depuis toujours, sans même y penser… Et tout est là, dans le « sans y penser » que les ateliers se donnent pour vocation de transformer en exercice conscient, juste et bienfaisant.

Placer sa voix dans la respiration et dans une gestion du souffle, du corps et du verbe, voir alors sa place dans une écoute différente : la nôtre d’abord puis celle des autres.

La voix est vivante et évolutive. Elle peut changer avec l’âge, les bouleversements hormonaux, le stress, la joie et elle nous accompagne tout au long de notre vie. Elle conditionne nos relations aux autres et nous lui devons une grande partie de nos réussites professionnelles et personnelles. Elle est si puissante et si centrale dans ses rôles et ses implications qu’elle mérite sans aucun doute que l’on en prenne soin, qu’on la préserve et l’entraîne régulièrement. Améliorer son outil vocal au travers d’ateliers, de cours, ou autre moyen, permet de protéger et mieux utiliser sa voix, bien sûr. Et c’est la meilleure… voie pour intensifier sa force de conviction. Donner un ressort supplémentaire et personnel à un message. C’est affirmer une place plus claire, plus assumée, dans un parler assertif et juste.