Se faire du souci, du « mauvais sang », s’angoisser
pour l’avenir, avoir des difficultés à se projeter dans un futur positif. Cette caractéristique devient aujourd'hui une véritable nuisance sociétale, entretenue par différents facteurs (cf. "Quand les média jouent avec nos cerveaux"). Mais pour mieux comprendre, sachons que cette faculté de pessimisme est avant tout une capacité naturelle, propre à l’humain, permettant
au cerveau de repérer/anticiper les dangers et les problèmes afin de les éviter ou de les résoudre.
Il s’agit donc d’un phénomène positif et utile… jusqu'à un certain point. Mais
au-delà d’un cap, l’inquiétude et les « ruminations » pour
tenter de tout contrôler ou prévoir au travers de scenarii catastrophes
suractive les zones cérébrales du traitement des émotions et de la peur et les sécrétions de cortisol (hormone du stress). Cela
peut alors bloquer les initiatives, les projets, l’audace nécessaire à toute
innovation. Plusieurs expériences menées par des universitaires ont montré que
plus on ressasse des pensées négatives, plus les situations menaçantes nous
semblent réelles, obsédantes, le risque d’inhiber l’action grandit... et ce que l'on redoute finit souvent par se produire.
L’optimisme est bon pour la santé
Pour en savoir plus, cliquer ici
« J’ai décidé
d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » - Cette phrase de
Voltaire était une vérité personnelle empirique mais affirmait de fait une
réalité scientifique bien avant que les sciences l’aient démontrée.
En effet, l’hyper vigilance que provoque l’anxiété
peut engendrer des troubles cardiovasculaires car la fréquence cardiaque
demeure à un niveau élevé, même au repos. Et par ailleurs, elle peut également
provoquer une baisse des défenses immunitaires en raison d’une production
prolongée de cortisol. A l’inverse, des études ont montré que bien-être et
optimisme sont facteurs de santé. Les personnes optimistes ont tendance à avoir
des défenses immunitaires plus puissantes que la moyenne des gens et ont une
espérance de vie plus grande. Elles produisent en effet moins de cortisol sur
de longues durées. A tel point que des personnes optimistes atteintes de
maladies graves (le sida par exemple) voient retardé le développement des symptômes
et vivent plus longtemps que les personnes ayant une vision sombre de leur
avenir.
Des chercheurs tels que Martin Seligman, Peter
Schulman, Harold Zullow ont montré que les croyances positives des optimistes
et leur confiance en eux les rendent persévérants, plus efficaces à terme. Les
études ont notamment été menées pour les métiers de vente, dans les milieux de
hautes études (l’Académie de West Point) et dans les milieux politiques. Dans
tous les cas, les résultats convergent : l’optimisme entraîne davantage de
réussites et en est un facteur important.
L’optimisme, ça se cultive ?
La phrase de Voltaire « J’ai décidé d’être
heureux… » semble signifier que le bonheur, le bien-être (et l’optimisme
qui en est source) a quelque chose de volontaire, d’évolutif, d’adaptatif. Qu’en
est-il ?
La psychologie positive, qui a émergé dans les
années 60, s’intéresse scientifiquement aux mécanismes d’épanouissement et de
bien-être des personnes, mais aussi au fonctionnement optimal des groupes
sociaux et des institutions.
La santé, mentale et physique, n’est plus
caractérisée seulement par l’absence de maladie. C’est un état de bien-être
nécessaire pour faire face aux situations quotidiennes, mener un travail
efficacement et avoir des relations sociales. Ainsi la psychologie positive, contrairement
à d’autres branches de la psychologie, ne se centre pas sur les
dysfonctionnements humains ou les pathologies mais étudie les éléments qui
aident à développer du mieux être personnel et social, à se prémunir contre un
stress inhibant et destructeur.
La démarche scientifique de la psychologie positive
prend en compte l’humain dans son intégralité, avec ses contraintes et ses
atouts. Elle s’appuie sur ces ressources pour aider au développement de
solutions face aux difficultés. Parmi les ressources identifiées comme réels
facteurs de santé et de réussite :
- L’optimisme
- L’humeur positive
- L’espoir
- La gratitude
- Le pardon
- La créativité
Il semble que les ressentis positifs (bien-être et
optimisme) favorisent une vision globale des situations quand les émotions
négatives n’offrent qu’une vision rétrécie des perspectives de solutions
(études menées à l’Université du Michigan par B. Fredrickson et C. Branigan).
Les travaux menés depuis les années 90 montrent que l’optimisme, souvent
caricaturé ou moqué n’est ni naïveté, aveuglement ou angélisme béat. Face aux
situations délicates, les optimistes sont conscients des difficultés
rencontrées. Loin de se voiler la face, ils abordent les problèmes de façon
constructive, sans fatalisme et sans mésestimer leur capacité à être acteurs d’un
changement et d’une issue. Ils sont davantage focalisés sur une recherche de
solutions que sur un évitement ou une rumination du problème. La confiance en
soi est véritablement un élément qui développe et entretient l’optimisme. Elle
est donc une des pistes qu’il est important de travailler pour évoluer vers
davantage d’optimisme.
Le développement d’une vision optimiste est très
influencé par l’approche éducative parentale et enseignante. Un enfant / élève
valorisé, encouragé, à qu’il ‘on apprend à construire à partir de ses erreurs,
à réfléchir, s’améliorer et à devenir autonome par la recherche de solutions
façonnera un rapport au monde plus optimiste.
Néanmoins, si l’éducation en nous a pas conduits à
voir le verre à moitié plein, nous ne sommes pas condamnés à errer dans un
fatalisme stagnant, un catastrophisme bloquant ou de sombres prédictions auto
réalisatrices. Un groupe de chercheurs en psychologie positive de l’Université
de Pennsylvanie à Philadelphie (Marie Forgeard, Martin Seligman, Karen Reivich,
Jane Gillham) ont mis au point un programme en 12 sessions (Penn Resilency
Program) pour aider des adolescents à construire des interprétations plus
constructives face aux situations difficiles. Le programme a démontré son
efficacité au travers de 17 études menées dans plusieurs pays.
L’éducation à l’optimisme peut aussi s’opérer à l’âge
adulte. Comme tout changement, cela ne peut s’opérer qu’à partir d’une volonté
personnelle et d’une prise de consciences d’un intérêt à changer. Puis c’est un
travail de persévérance qui peut commencer, par exemple, par le fait de noter
chaque jour 3 éléments positifs de sa vie en donnant une raison au côté positif
de ces éléments. (dispositif mis au point par Martin Seligman). Cela ne s’arrête
bien sûr pas là et selon l’ampleur de l’objectif, il peut être utile d’être
accompagné pour transformer l’évaluation des situations et passer d’un
pessimisme automatique, limbique, à un optimisme construit, préfrontal.
Quand on connaît les effets bénéfiques de l’optimisme
et que le besoin (pour en savoir plus, cliquer ici), comme actuellement, s’en fait aussi profondément ressentir tant
au niveau des individus que des entreprises et de la société tout entière, on
peut espérer que chacun puisse travailler pour activer une force particulière.
Une force qui nous permette de cultiver en profondeur et durablement cet
optimisme tellement nécessaire : La force d’y croire.1
1 Référence
au titre de l’ouvrage de Sophie Jacquest et Emmanuelle Dépollier « La
force d’y croire » - Seconde éd.,
2002
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