dimanche 21 avril 2013

La simplexité, une propriété fondamentale du vivant

La simplexité, une propriété fondamentale du vivant (cliquer pour lire l'article)
"Pour survivre dans un monde d’une prodigieuse complexité, 
le cerveau applique des stratégies visant à simplifier la perception, le mouvement, la décision… et peut-être les sentiments
La notion de simplexité que je propose résume une remarquable nécessité biologique apparue au
cours de l’évolution pour permettre la survie des animaux et de l’homme sur notre planète : malgré la complexité des processus naturels, le cerveau doit trouver des solutions, qui relèvent de principes simplificateurs, en tenant compte de l’expérience passée et en anticipant l’avenir. Elles facilitent aussi la compréhension des intentions d’autrui."

Alain Berthoz

Professeur au Collège de France et membre de l’Académie des sciences, il a publié, entre autres, Le Sens du mouvement (1997), Phénoménologie et physiologie de l’action (avec Jean-Luc Petit, 2006), La Simplexité (2009), tous chez Odile Jacob.

jeudi 18 avril 2013

Interagir avec les neurosciences : une initiation pour les consultants, formateurs, coach et les managers

 Consulter le programme en cliquant ici : "Interagir avec les neurosciences".

L'apport des neurosciences à l'entreprise, au management et à la collaboration est un atout qui évolue et se développe de jour en jour, au rythme des avancées de la recherche.
 
Des intervenants en entreprise (coachs, formateurs, consultants...) mais également des managers et des DRH, de plus en plus intéressés par le sédiment que les neurosciences apportent à leur métier, ont souhaité suivre une initiation.

C'est pourquoi Profil-Leader a le bonheur de proposer aujourd'hui un premier niveau d'approche, une initiation en formation courte : "Interagir avec les neurosciences".

Cette initiation a été construite pour ouvrir à une nouvelle compréhension des comportements dans l'entreprise et de la collaboration, et pour aider les intervenants à élaborer de nouveaux outils d'accompagnement.

Nous vous invitons à consulter le programme en cliquant ici : "Interagir avec les neurosciences".





Nous avons hâte de vous accueillir. Quelle belle occasion de rencontre entre nous !

lundi 4 mars 2013

Neurosciences et musique : La musique vecteur de créativité



 « Les entreprises qui survivront demain, sont celles qui encouragent la créativité d’aujourd’hui. »
Maurice Zeldman

Le cerveau humain offre, par sa structure et sa plasticité, des potentiels créatifs immenses. En entreprise, liée au sens de l’action et adossée à des relations sociales cohésives, la créativité alimente la motivation, laquelle la nourrit en retour. Donnant lieu à l’innovation, elle est donc un élément essentiel de compétitivité. Cette capacité créative existe dans tout cerveau humain, mais puisqu’elle est, par essence, une construction nouvelle, il est donc fondamental de la stimuler, en particulier dans le contexte d’incertitude économique que nous vivons. 

Depuis plus de 10 ans, les neuroscientifiques s’intéressent de très près à l’influence et la puissance de la musique et du chant sur nos capacités cognitives en général et sur ses effets sur la créativité. 

La musique est une compétence cognitive universelle

La musique est, en elle-même, une compétence cognitive universellement partagée (sauf 5% de cas de dysfonctionnement appelé "amusie"), qui repose, notamment, sur les effets émotionnels qu’elle stimule. On peut ne pas parler la même langue, mais l’écoute, la pratique, de la musique ou du chant sont un langage émotionnel qui permet de se comprendre et d’être synchronisé. La musique amène les groupes humains à un "unisson émotionnel". De nombreux  chercheurs pensent aujourd’hui que la musique a précédé le langage dans l’évolution humaine. L’observation du cerveau montre d’ailleurs que dès les premières minutes d’écoute, la musique stimule les émotions. Les bébés quant à eux sont plus attentifs et réactifs à la voix chantée de leur maman qu’à la voix parlée1.

Les effets de la musique et du chant sont observables physiologiquement : l’écoute et la pratique, même occasionnelles, réduisent la pression artérielle, augmentent la dose de calcium transportée dans le cerveau ainsi que la sécrétion de dopamine (hormone de plaisir) et d’endorphines  (hormone de bien-être). Par ailleurs, elles activent les circuits de la récompense (noyau accumbens). 

L’action de la musique et du chant sur la créativité

  • Un mécanisme spontané

Sur la créativité, la musique a une action majeure, car elle est un fort vecteur de plasticité cérébrale, base de l’apprentissage et de la créativité. La pratique/l’écoute activent et modifient simultanément de nombreuses zones du cerveau, synchronisent ces zones, et cette « collaboration cérébrale », qui modifie la plasticité cérébrale semble bénéficier à beaucoup d’autres compétences cognitives non musicales. Fonctionnent notamment en même temps : perception, motricité, intellect, sensorialité, émotion, mémoire, sécrétions hormonales).
Musique, cerveau, créativité

Par ailleurs, l’écoute et la pratique augmentent la résistance au stress en réduisant l’activation des aires impliquées dans les émotions négatives (qui pourraient être un frein à la créativité).

Les travaux d'Emmanuel Bigand1 nous apportent des informations précieuses sur nos capacités naturelles  de  création musicale, par les attentes mélodiques que nous générons spontanément (et souvent inconsciemment) au cours d’un morceau. E. Bigand nous informe également sur la fonction adaptative de la musique, et nous dit que l’évolution musicale vers des styles nouveaux, que nous n’avons pas l’habitude d’entendre et que nous ne comprenons pas forcément, va « pousser notre cerveau à aller plus loin dans certaines fonctions pour comprendre cette musique inattendue ».  Ainsi, le cerveau va s’adapter à terme, et cette stimulation adaptative, qui modifiera le cerveau de l’auditeur, va aussi l'amener à changer certains modes de pensée et faire évoluer ses capacités cognitives. 

  • Un mécanisme renforcé

Un mécanisme de renforcement de la créativité est l’improvisation musicale. Ce sont des chercheurs américains qui ont choisi d’étudier la créativité et l’inventivité très développées de certains rappeurs, spécialistes de l’improvisation et du freestyle. Le principe du rap freestyle est une séance au cours de laquelle le chanteur improvise du texte dans l’instant. Rien n’est écrit, tout est produit sur le moment. Le cerveau de certains de ces rappeurs a donc été mis en observation par imagerie médicale pour essayer de comprendre en quoi l’improvisation renforce la capacité créative. Les éléments constatés leur ont permis de démontrer que durant la session d’improvisation, le cerveau « met en veille » les zones impliquées dans l’inhibition comportementale. Ainsi, l’auto censure mise de côté, le lâcher-prise, et l’audace nécessaires à la prise de risque peuvent laisser libre cours à une improvisation créative. Parallèlement, les noyaux amygdaliens (impliqués dans le système émotionnel) étaient actifs, ceci accréditant l’idée  que certaines émotions favorisent la créativité.


La musique a souvent inspiré la science et la technologie et suscité des évolutions considérables. Les notations musicales ont notamment présidé à l'élaboration des coordonnées cartésiennes. Plus proche de nous, on peut citer les premières synthèses musicales par ordinateur et les premiers enregistrements musicaux numériques qui sont nés dans les laboratoires de Bell Téléphone, aux États Unis dans les années 60. On constate ainsi aujourd'hui  combien ces recherches ont stimulé tout un secteur informatique, sans parler de l'énorme source de profits que cela a généré pour l'industrie musicale.

Nos propres (et modestes) travaux d’application nous permettent de confirmer régulièrement tout l’intérêt que représente le chant pour l’entreprise, ses managers et ses équipes, dans bien des domaines : la collaboration, le leadership, la motivation, la régulation du stress et, bien sûr, la créativité. En effet, Profil-Leader est devenu spécialiste des ateliers musicaux en entreprise sur les sujets tels que la créativité, la collaboration le leadership, la cohésion.

Dans la vidéo ci-dessous, un petit extrait d’une conférence-atelier conduite le 23 Février dernier par Profil-Leader dans le cadre d’un événement organisé par l’école Polytech de Montpellier sur le thème de la créativité. Cet extrait, bien qu’il soit court, nous l’avons sélectionné parmi d’autres extraits d'ateliers, dans d'autres structures, car ces étudiants seront demain  dans l’entreprise (certains y sont déjà). Et il nous a paru important de montrer et encourager leur enthousiasme à expérimenter, même rapidement, même sur la seule partie apprentissage du chant, un outil de stimulation de la créativité. Le fait même que leur événement soit consacré à la créativité est louable en soi. Cela montre que la jeune génération est sensible à l'importance de cette créativité et au fait qu'elle doit être entraînée pour se développer. C'est très encourageant pour ce que nous vivrons demain dans les entreprises grâce à eux !

1 Emmanuel Bigand : Professeur de sciences cognitives à l’université de Bourgogne, auteur de nombreux travaux sur l’action de la musique sur le cerveau.


Extrait d'intervention Profil-Leader (partie apprentissage du chant) - Polytech 23 Février 2013 

 

vendredi 1 mars 2013

Mondialisation et adaptation

Parce que la peur n'évite pas le danger, parce que le monde est aujourd'hui ouvert et qu'un retour en arrière est peu probable, parce que les barrières douanières, vieilles solutions ("si tant est qu'elles aient marché un jour" nous dit Pascal Lamy) ne fonctionnent plus à présent, parce qu'il vaut mieux penser le monde et le futur que le subir et enfin parce que tout système vivant qui ne s'adapte pas à son environnement en changement meurt... En attendant la suite de cet article, le point de vus de Pascal Lamy, Directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce, lors de son interview de ce matin sur BFM TV.


Vidéo : Bourdin Direct : Pascal Lamy - 1/03
Vidéo Pascal Lamy chez JJ Bourdin - 1er Mars 2013

dimanche 17 février 2013

Neurosciences : leur apport au management



Les neurosciences, par essence de fonctionnement, offrent l’exemplarité d’une réussite collaborative interdisciplinaire. Mais surtout, elles apportent des connaissances et un éclairage précieux au monde de l’entreprise, aux managers, aux collaborateurs et aux dirigeants.


C’est quoi les neurosciences ?
Pour en savoir plus cliquer ici

Durant les années 60, cela ne concernait qu’une branche de la biologie étudiant le système nerveux. Les neurosciences ont ensuite évolué vers une coopération entre des branches scientifiques différentes : biologie, psychologie, anthropologie, médecine, chimie, informatique, mathématique, cybernétique. 

Aujourd’hui, les neurosciences sont de plus en plus présentes dans l’ensemble de la société, et bien des secteurs ont déjà compris (avec des objectifs toutefois bien différents) tout l’intérêt de leurs apports quant à la connaissance des fonctionnements humains : l’économie, le marketing, le management et même (aux Etats Unis surtout) le monde judiciaire.

Ce qui caractérisent les neurosciences et a permis des avancées considérables ces dernières années, c’est leur observation de cerveaux vivants, grâce aux technologies d’imagerie médicale. Elles permettent ainsi, par l’observation du cerveau en action, d’appréhender les processus psychiques : comportements relationnels, motivationnels, résistance/acceptation/adaptation au changement…

Si l’on peut raisonnablement penser que les années à venir vont permettre des découvertes fascinantes, les neurosciences ont d’ores et déjà permis des avancées considérables sur la compréhension du fonctionnement du cerveau humain, des comportements, de l’intelligence et de la pensée. Elles ont apporté une nouvelle crédibilité à la psychologie qui se dote aujourd’hui de moyens d’investigation scientifiques et rigoureux (neuro psychiatrie et neuropsychologie). Elles commencent également à ébranler largement certaines certitudes que nous avait inculqué le monde économique, telles que le concept de l’homo economicus qui se trouve aujourd’hui mis à mal par les neurosciences. 

Dans la mesure où celles-ci offrent une approche de plus en plus précise et scientifique du comportement humain, elles demandent, comme tout progrès, à être utilisées avec éthique. Le danger pourrait venir d’une tentation de façonner dès l’enfance des êtres d’excellence, ou de manipuler des groupes humains ou des individus. 

Pour en savoir plus cliquer ici 
« L’homme a acquis des connaissances énormes sur le monde inanimé, mais sa connaissance de lui-même n’a pas suivi une accélération identique et il manie aujourd’hui, en pleine ignorance du fonctionnement de son inconscient, une puissance  de destruction considérable » (Henri Laborit).
L’entreprise qui n’existe que par, avec, et pour des humains, quoi qu’on l’oublie parfois, est un bon terrain de ce fonctionnement le plus souvent inconscient. Il n’est que de consulter les études sur l’état général actuel de la motivation, de s’informer sur tous les cas de conflits, malaise au travail etc. pour comprendre qu’il ne suffit pas d’être soi-même un être humain pour savoir interagir avec d’autres humains. Et cela que l’on soit dirigeant, manager ou collaborateur.  La plupart du temps, la régulation relationnelle en entreprise et même le management se font de manière empirique et intuitive. Les représentations, le cadre de référence, l’expérience personnelle de chacun, SA vérité, deviennent alors LA vérité. Ce qui aboutit très fréquemment à des rapports de forces, des jeux de pouvoirs et d’influence, des quiproquos relationnels… Que d’énergie et de performance perdues pour l’entreprise ! Que de modes d’apprentissage douloureux pour tout le monde, au lieu d’être valorisants et motivants !

  Les neurosciences offrent pourtant des connaissances de plus en plus précises qui changent le regard sur l’humain et sur l’entreprise :

  • Elles prouvent aujourd’hui de manière scientifique le lien entre état émotionnel apaisé, bien-être social, développement cognitif et performance humaine, et donc de l’entreprise.
  • Elles permettent de comprendre certains de nos automatismes biologiques, de les dépasser ou de les utiliser autrement.
  • Elles permettent de mieux comprendre les ressources et les filtres de l’intelligence humaine dans la conduite des entreprises.
  • Elles nous amènent ainsi à réfléchir et à penser l’organisation et la collaboration d’une manière différente.
  • Elles torpillent des neuromythes et changent ainsi le regard que l’on pouvait avoir sur l’humain en général, et sur les humains qui nous entourent en situation professionnelle notamment.


Elles apportent un éclairage précieux sur :
Le fonctionnement de l’intelligence humaine :
·    La pensée est incarnée : les liens sont établis à présent entre la structure physiologique du cerveau et la pensée (travaux de Varela et d’Edelman notamment). La pensée n’est pas un élément immanent, mais elle est bel et bien « incarnée » dans des connexions physiques du cerveau. Cela offre ainsi de nouvelles voies pour la montée en compétences et le processus d’apprentissage.
·    La plasticité du cerveau est immense: le cerveau apprend tout au long de la vie, se développe et se réorganise au fur et à mesure des apprentissages, c’est-à-dire des connexions et éliminations synaptiques, et l’on sait aujourd’hui que de nombreux neurones se régénèrent (neurogénèse).
Les stratégies de résistance au changement, de défense, les modes d’adaptation, d’évolution

Les sources et mécanismes de motivations
Quels sont  les moteurs et les freins humains, quels sont les environnements stimulants et les cadres limitants, quels sont les éléments nécessaires au maintien / à la stimulation de la motivation, cœur des préoccupations de l’entreprise et du manager.

La place et l’importance de l’émotion
Dans un environnement qui la dénie, l’entreprise, l’émotion est pourtant tout aussi présente que dans les autres situations de la vie. Les neurosciences nous apprennent en quoi elles sous-tendent nos fonctionnements :
·        Les apprentissages
·        La mémoire
·        La cohésion
·     La prise de décision (sans émotion, il est démontré que l’on ne peut plus prendre de décision rationnelle)
·        La motivation

La manière d’interagir socialement et de collaborer
La collaboration et l’altruisme comme ancrages biologiques viennent heurter les croyances des tenants de l’homo economicus, mais sont néanmoins une réalité de notre humanité. Les neurosciences nous montrent l’importance et l’articulation, pour l’animal humain, des relations sociales, de l’émotion, de l’empathie, de la reconnaissance, de la solidarité.
Tant d’apports encore pourraient être cités, les quelques éléments ci-dessus n’étant qu’un panel bien réducteur, incomplet et imparfait. Ce qui peut toutefois être ajouté, c’est qu’il est véritablement passionnant de pouvoir accompagner aujourd’hui les entreprises qui le souhaitent dans une démarche de culture humaniste et d’organisation collaborative, grâce à ce support fantastique que sont les neurosciences.

mercredi 30 janvier 2013

Les neuro mythes : "les femmes peuvent faire plusieurs choses en même temps, les hommes non" ; "Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau" …




« Le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. » - Denis de Rougemont
Les neurosciences s’invitent depuis une dizaine d’années dans bien des domaines de la société. L’économie (neuro-économie), le marketing (neuro-marketing), la justice (des recherches sont en cours), le management (neuro-management)… Les neurosciences apportent en effet un grand nombre de connaissances précieuses, chaque jour enrichies par de nouvelles avancées, et permettent, entre autres, de mettre fin à un certain nombre de croyances erronées et pourtant très partagées. 

Neurosciences et apport de connaissances indispensables aux entreprises

Pour en savoir plus, cliquer ici
Si au départ les neurosciences se « contentaient » d’étudier le système nerveux, les progrès technologiques leur ont permis d’évoluer à pas de géant au cours des 20 dernières années. Interdisciplinaires, elles mettent en collaboration plusieurs branches scientifiques : biologie, médecine, psychologie, anthropologie,  chimie, informatique, mathématique. [Elles sont un bel exemple du lien collaboratif que nous encourageons dans les entreprises.] Elles ont amené des découvertes fascinantes sur la compréhension du fonctionnement du cerveau humain, des comportements, de l’intelligence et de la pensée. L’imagerie médicale (IRMf : imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) permet en effet l’observation du cerveau vivant et l’appréhension des processus psychiques en action.

Nous décrivons fréquemment, sur ce blog dont c’est précisément l’objet, l’intérêt et l’apport des neurosciences pour manager et collaborer avec une plus grande justesse. L’éclairage et les outils de compréhension qu’elles nous livrent sur les moteurs, les atouts, les freins humains, sur les comportements en situation de stress ou d’épanouissement ou dans tout type d’action, sont des éléments précieux dont une entreprise ne saurait se passer aujourd’hui dans le développement de sa performance.

Les neurosciences nous permettent aussi de discerner le vrai du faux sur quelques affirmations communément partagées, qui, consciemment ou non, orientent nos représentations, nos interactions, nos regards sur nous-mêmes et sur l’autre, nos attitudes et comportements. Il existe ainsi quelques « neuro mythes », et il nous a semblé amusant de tordre le cou à quatre d’entre eux, ci-dessous, parmi les plus connus.



Les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois  alors que les hommes sont mono tâches
Une idée largement partagée, souvent avec humour, qui parfois arrange ou dessert tant les femmes que les hommes, selon les situations. Quoi qu’il en soit, cette idée est fausse. Le cerveau, qu’il soit masculin ou féminin, traite les tâches de la même manière, c’est-à-dire en alternance. De façon parfois si rapide que l’on a effectivement l’illusion qu’il s’agit d’un traitement simultané. Et cette rapidité de traitement est valable pour deux tâches seulement. Au-delà, le cerveau a des difficultés à gérer. Par ailleurs, pour les hommes comme pour les femmes, il est possible de mener certaines actions automatisées (faire du vélo, courir, faire des photocopies…) tout en menant,  par exemple, une discussion. En effet, les actions dont les gestes sont devenus automatiques ne demandent plus autant de concentration, et peuvent permettre le traitement d’autres tâches. Pour autant, soyons vigilants à cette autre illusion qui nous amène à confondre ce qui est automatisé et ce qui ne l’est pas : les gestes de la conduite sont automatisés pour beaucoup d’entre nous, certes, mais la gestion des événements sur  la route est une sollicitation permanente qui demande de l’attention et des décisions fréquentes. Donc le traitement de plusieurs informations qui s’enchaînent doit aller vite dans notre cerveau et réclame toute notre focalisation. C’est pour cette raison qu’il est contre indiqué de téléphoner en conduisant.

Ce n’est pas à mon âge que je vais apprendre et me former ! C’est trop tard !
Certaines personnes pensent qu’il y a un âge limite pour apprendre. D’autres peuvent aussi cacher quelque paresse homéostatique derrière cette croyance, car apprendre des choses très ou totalement nouvelles demande beaucoup d’énergie. En vérité, l’apprentissage se concrétise dans le cerveau par les connexions qui s’établissent entre les neurones (synapses). Ces connexions synaptiques sont les supports du développement des compétences. Elles se multiplient, se renforcent, s’amenuisent ou se détruisent selon que l’on apprend de nouvelles habiletés, que l’on continue d’exercer une compétence avec plus ou moins d’intensité, que l’on réduise ou cesse une pratique. Cette adaptation des connexions selon nos actions, nos pratiques et nos apprentissages opère une réorganisation permanente de notre cerveau.  C’est ce que l’on appelle « plasticité cérébrale ». Or toutes les études neuroscientifiques démontrent que le cerveau demeure plastique tout au long de la vie ! Et depuis 20 ans, l’on sait aussi que non seulement de nouvelles connexions se créent tout au long de la vie, mais également que certains neurones se régénèrent. Ainsi, l’on peut apprendre à tout âge, même si, de fait, certains apprentissages de base doivent se faire dès l’enfance pour en permettre d’autres (exemple : les règles d’un langage correct ; par contre l’enrichissement du vocabulaire se fait, lui, tout au long de la vie). 

 Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau  
Voici encore une légende urbaine dont on ne connaît d’ailleurs même plus l’origine. L’étude du cerveau démontre au contraire que la totalité de notre cerveau est actif et utilisé, même lorsque nous dormons, même lorsque (pour ceux qui pratiquent) nous méditons. Toutes les régions du cerveau sont interactives et utiles ainsi que le démontre la neuro imagerie. Preuve en est qu’aucune zone cérébrale ne peut être endommagée sans conséquences fonctionnelles plus ou moins graves. Et lorsque des personnes parviennent à reconstruire certaines fonctions malgré des lésions, c’est précisément grâce à la fantastique plasticité du cerveau et des réseaux de neurones qui vont apprendre à pallier les déficits des zones touchées.  

 Cerveau droit, cerveau gauche   
Cette distinction de fonctionnement entre les deux hémisphères, si elle n’est pas fausse, est pour le moins très abusive. En réalité, la répartition des tâches n’est pas aussi nette que l’on a pu le penser avant les progrès de la technologie. Et ce qu’il est important de retenir, c’est que les jugements à fort impact que l’on peut porter, parfois dès l’enfance, sur certaines personnes et leurs capacités ou même sur certaines cultures (matheux/pas matheux pour deux sous, désorganisé/logique…) ne peuvent plus être justifiés par cette seule répartition des domaines de compétences dans le cerveau. En premier lieu, la formulation même de « cerveau droit, cerveau gauche » induit l’idée qu’il y aurait presque 2 cerveaux qui fonctionneraient séparément et pourraient s’ignorer. 

Mais nous n’avons qu’un seul cerveau, composé de deux hémisphères. Les deux hémisphères, reliés par le corps calleux, fonctionnent ensemble et non de manière séparée. Les zones sont interdépendantes, même si, effectivement, il existe des zones fonctionnelles dominantes.  On ne peut pas, par exemple, au vu de tous les travaux actuels, assigner au seul hémisphère gauche l’analyse, la logique, l’écriture, ni au seul hémisphère droit le traitement de l’émotion. Les sous-systèmes répartis dans les deux hémisphères s’activent et travaillent ensemble pour traiter les informations et toutes les tâches cognitives.

Voici donc quelques exemples des « mythes » qui sont déjoués par les connaissances en neurosciences. Il y aura sans doute dans l’avenir bien d’autres idées reçues, engendrant des stéréotypes, que les neurosciences nous permettront de déconstruire. Et s’il est vrai que les mythes sont souvent repris avec humour dans certaines situations où l’on se sent en difficulté (« oh tu sais, je suis un homme, hein, je ne sais faire qu’une chose à la fois » ; « ah, moi on m’a dit que j’étais un cerveau droit, global, alors les détails… ! ») ces mythes impriment et renforcent des croyances auto réalisatrices souvent limitantes. Alors, puisque nous sommes capables d’apprendre tout au long de la vie, nous pourrions apprendre aussi à faire évoluer nos croyances, nos regards, nos représentations.