Récemment, Profil-Leader se trouvait à
la 1ère fête des lauréats du Réseau Entreprendre Languedoc
Roussillon. Une soirée dynamisante et pleine de promesses quant aux volontés toujours existantes d’entreprendre. Progressivement, à l'écoute des différents chefs d'entreprises qui exprimaient leur enthousiasme et leur passion, s’est mis à résonner dans mon
cerveau comme un murmure tout d’abord, puis une exclamation irrépréssible, à
l’aube de la nouvelle année :
Nous vivons une
époque formidable !
Cela peut paraître étonnant, en
cette période de contagion pessimiste. Mais si le proverbe « l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la
forêt qui pousse » se vérifie particulièrement ces dernières années,
il n’en demeure pas moins que la forêt pousse ! Pour le voir, il faut
peut-être, parfois, changer de lunettes, sortir de son seul champ de vision et
de références, chercher d’autres sources d’information. ECOUTER-OBSERVER
vraiment. Or, le processus qui consiste à remettre en question nos croyances peut s'avérer, pour le cerveau humain (au regard des neurosciences) une tâche d'une grande difficulté.
Il s'agit en effet de percevoir AUSSI ce qui ne va pas dans le sens de
ce à quoi nous nous attendons. Cela demande un effort d’ouverture et de conscience peu confortable pour le cerveau. Ce que nous montre
l’observation neuroscientifique, c’est que, contrairement à ce que nous
pourrions penser :
Nous ne croyons pas ce que nous voyons, mais nous voyons ce que nous croyons
Nous ne croyons pas ce que nous voyons, mais nous voyons ce que nous croyons
C'est un des apports étonnants des connaissances sur le cerveau. Notre système perceptuel s'organise en effet essentiellement à partir de ses références internes, assez peu à partir du monde extérieur. La mémoire fonctionne comme un "organe sensoriel" très puissant. C'est ce qui est étonnant : 99 % de nos perceptions sont basées sur ce qui est déjà présent dans notre mémoire, dans notre système d'évaluation et nos croyances. Seul 1 % de nos perceptions sont réellement nouvelles.
Ainsi, au plus les croyances sont intégrées et profondes, au plus il est énergétiquement "coûteux" pour un cerveau de les remettre en question en percevant d'autres représentations, idées, visions possibles.
Or actuellement, ce que beaucoup de nos concitoyens croient, et donc perçoivent parmi les "bruits d’arbres qui tombent", c’est que la France, malgré des atouts certains, est un pays en voie de désindustrialisation. Cette croyance, assez largement partagée par une partie des élites, se poursuit dans la conviction que la désindustrialisation serait une catastrophe pour le pays. Cette certitude, relayée dans les médias, sur les réseaux sociaux, émaille les chroniques de bien des commentateurs de l’économie... mais pas tous !
Ainsi, au plus les croyances sont intégrées et profondes, au plus il est énergétiquement "coûteux" pour un cerveau de les remettre en question en percevant d'autres représentations, idées, visions possibles.
Or actuellement, ce que beaucoup de nos concitoyens croient, et donc perçoivent parmi les "bruits d’arbres qui tombent", c’est que la France, malgré des atouts certains, est un pays en voie de désindustrialisation. Cette croyance, assez largement partagée par une partie des élites, se poursuit dans la conviction que la désindustrialisation serait une catastrophe pour le pays. Cette certitude, relayée dans les médias, sur les réseaux sociaux, émaille les chroniques de bien des commentateurs de l’économie... mais pas tous !
C’est là que nous pouvons
peut-être essayer de chausser d’autres lunettes, pour regarder les éléments
d’une manière un peu différente.
Car finalement, qu’est-ce qui fait
dire aux intervenants médiatiques, politiques, comme à de nombreux chefs d’entreprise, et jusqu’au
au café du Commerce, que l’industrie, au sens « fabrication de vraies choses » serait LA voie d’une économie
forte et de création d’emplois, alors que l’économie des services risquerait d’amener
dangereusement le pays à un statut de parc de loisirs géant ?...
Deux choses. Vraisemblablement, d'une part, le souvenir du passé, et d'autre part une difficulté cognitive.
Le souvenir du passé et du paradis perdu
Nous regardons bien souvent l’histoire du développement économique au travers du prisme des trente glorieuses, et cherchons à recréer ce paradis perdu, certes confortable, mais qui n’est plus.
Le souvenir du passé et du paradis perdu
Nous regardons bien souvent l’histoire du développement économique au travers du prisme des trente glorieuses, et cherchons à recréer ce paradis perdu, certes confortable, mais qui n’est plus.
Pascal Pick - Paléaoanthropologue Professeur au Collège de France |
C’est compréhensible, logique,
c’est même « bio-logique »…
mais c’est vain. Et ce refus de deuil et de désapprentissage ralentit l'évolution vers la construction d'un nouveau modèle, en cohérence avec le changement de monde. Le contexte actuel est
totalement inédit. Les Hommes, les situations, les flux sont différents. De même que
le sont les moyens, les types d’interactions, le
rapport au temps. Tout cela s'est transformé et la mutation n'en est sans doute qu'à ses débuts. Le booster que représentent les nouvelles technologies qui continuent d'avancer, de nous bousculer, de nous interroger à grande vitesse ne donne pas à tous le temps nécessaire pour "intégrer" et s'adapter. D'autres pays semblent avoir un rythme de compréhension et d'intégration plus rapide (les États Unis notamment). Le facteur culturel (croyances collectives, habitus, poids de l'histoire, vision du pays de lui-même et de sa place dans le monde...) joue un rôle essentiel.
Le monde a profondément changé, c'est une banalité que de le dire. Or, de nombreux systèmes, piliers de la société (que l'on peut trouver dans certains de nos groupes politiques, entrepreneuriaux, syndicalistes, associatifs, familiaux, individuels...) cherchent à maintenir ou retrouver une homéostasie (équilibre) passée. Et cela, en tentant de rétablir des constituants externes qui n'existent plus.
Pourtant, le phénomène des services comme moteurs de l'économie n'est pas réellement récent, seule sa conscience l'est. Cette tendance a en effet été amorcée dès la reconstruction d'après guerre et est une caractéristique de toutes les économies dites "modernes". Mais notre cerveau peine à se représenter l'immatériel (les services, les idées, la culture) comme un bien réel et de valeur. Nous devons donc "désapprendre", individuellement et collectivement, certains éléments pour faire place à de nouvelles connexions neuronales créatives, de nouvelles représentations pour voir / entendre la forêt qui peut pousser, celle qui pousse déjà, et construire le monde de demain au lieu de le subir.
Le monde a profondément changé, c'est une banalité que de le dire. Or, de nombreux systèmes, piliers de la société (que l'on peut trouver dans certains de nos groupes politiques, entrepreneuriaux, syndicalistes, associatifs, familiaux, individuels...) cherchent à maintenir ou retrouver une homéostasie (équilibre) passée. Et cela, en tentant de rétablir des constituants externes qui n'existent plus.
Pourtant, le phénomène des services comme moteurs de l'économie n'est pas réellement récent, seule sa conscience l'est. Cette tendance a en effet été amorcée dès la reconstruction d'après guerre et est une caractéristique de toutes les économies dites "modernes". Mais notre cerveau peine à se représenter l'immatériel (les services, les idées, la culture) comme un bien réel et de valeur. Nous devons donc "désapprendre", individuellement et collectivement, certains éléments pour faire place à de nouvelles connexions neuronales créatives, de nouvelles représentations pour voir / entendre la forêt qui peut pousser, celle qui pousse déjà, et construire le monde de demain au lieu de le subir.
Une difficulté cognitive liée à la tradition protectrice
Croyances et représentations à changer sont d'une ampleur et profondeur telles qu'elles expliquent la difficulté cognitive à nous transformer.
Croyances et représentations à changer sont d'une ampleur et profondeur telles qu'elles expliquent la difficulté cognitive à nous transformer.
Pascal Pick - Paléaoanthropologue Professeur au Collège de France |
Une de nos croyances les plus difficiles à abandonner est liée à la
notion de protection et de sécurité. Elle est d'autant plus épineuse à
transformer qu'elle est à la fois culturelle (tradition d'un état
protecteur) et en lien avec la biologie. Car notre déterminisme de
recherche survie nous amène instinctivement à viser l'évitement du
danger et de la douleur, et donc à privilégier la sécurité sous toutes
ses formes (physiologique, psychologique, sociale...).
Ainsi nous avons construit une protection collective toujours plus large, à la fois fantastiquement utile, mais constituant également un piège cognitif et social. Nous nous sommes grandement habitués à certains éléments de sécurité, même si une partie d'entre nous ne les a pas réellement vécus : sécurité de l'emploi, statut protégé (fonction publique), système de santé généreux, politique de protection de la famille, principe de précaution... Certains de ces systèmes sont, redisons-le, hautement utile. Mais peut-être trop généralistes, pas assez bien ciblés, n'intégrant pas suffisamment de vision systémique. Et par ailleurs, certains sont véritablement un frein cognitif aux évolutions. La routine, l'habitude, le territoire connu, ou un statut protégé sont sécurisants. Hélas, cette caractéristique souligne par essence la représentation de tout changement comme facteur de mise en danger. Cela bride les velléités créatives et certaines adaptations nécessaires.
C'est ce qui fait que pour l’instant, nous recherchions le plus souvent le rebond de filières en difficulté. C'est plus facile à concevoir pour le cerveau parce que plus rassurant. Ce sont en effet des filières connues, qui, pour certaines, ont été des fleurons de l'industrie.
Ainsi, l'on crée des plans de sauvetage, en injectant des fonds publics (dans l'industrie automobile par exemple) pour maintenir des entreprises ou des pans de l’économie. Des systèmes malades, ayant besoin de se réformer en profondeur, et même, pour certains peut-être, de disparaître. Le propos est dur, certes, mais il s’agit basiquement d’un principe biologique de survie collective, partagé par tout système vivant : le système qui ne s’adapte pas meurt. Darwin est toujours d’actualité pour nous le rappeler : « Ce ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes qui survivent, mais celles capables de s’adapter ».
Etre darwinien en économie
Nous avons (nous = pays d'Europe), dans l'histoire, souvent façonné le monde, hélas de manière impérialiste et dominatrice. Puis nous nous sommes endormis (nous = France) sur cette suprématie tout en continuant de nous penser comme une puissance mondiale. Et nous gardons quelque part cette espérance plus ou moins consciente que nous allons encore une fois dompter un monde dans lequel, aujourd'hui comme hier, ce que l'un gagne, l'autre le perd. Or cette vision gagnant-perdant nous empêche de voir la nécessité et l'intérêt de rapports plus collaboratifs. Comme l'indique Pascal Pick, paléoanthropologue, Maître de conférences au Collège de France, « Être darwinien en économie, ce n’est pas éliminer les autres mais écarter des pratiques et des modèles aux effets délétères pour la croissance et l’ensemble de la société ».
Car le monde en devenir ne s'adaptera pas à nous. Il est aujourd'hui connecté, de plus en plus transversal, avec des modes organisationnels où l'intelligence, la créativité est collective et l'information partagée. Notre vision française de l'économie, liée à des modes de pensée rigides, semble ainsi fossilisée et arc-boutée autour d'industries vieillissantes, de la compétition, d'organisations par trop pyramidales. Alors que de nouvelles sphères émergent, dans des cerveaux brillants, innovants, et de petites ou moyennes structures, qui sont parfois (souvent ?) contraintes d'aller s'expatrier pour trouver une ouverture d'esprit et des fonds et se développer. La Sillicon Valley continue d'être un attracteur majeur pour nos entrepreneurs.
Les structures de pensée et d'organisation de type "vieux monde" ne sont plus en phase avec la nouvelle économie, les applications qu'elle permet et les bouleversement qu'elle va entraîner. Par exemple, Google, qui a toujours un monde d'avance, s'intéresse et investit aujourd'hui des sommes colossales dans la santé. Le but ? Déjouer la mort ! Cela peut faire sourire certains. Pourtant, il y a fort à parier sur de prochains progrès majeurs de la recherche, grâce à la focalisation de Google. La créativité comme caractéristique principale de sa culture, ajoutée à des moyens énormes et une forte motivation liée à l'histoire personnelle de ses dirigeants, autant de conditions pour parvenir, sinon à l'immortalité, au moins à des avancées extraordinaires.
Ainsi nous avons construit une protection collective toujours plus large, à la fois fantastiquement utile, mais constituant également un piège cognitif et social. Nous nous sommes grandement habitués à certains éléments de sécurité, même si une partie d'entre nous ne les a pas réellement vécus : sécurité de l'emploi, statut protégé (fonction publique), système de santé généreux, politique de protection de la famille, principe de précaution... Certains de ces systèmes sont, redisons-le, hautement utile. Mais peut-être trop généralistes, pas assez bien ciblés, n'intégrant pas suffisamment de vision systémique. Et par ailleurs, certains sont véritablement un frein cognitif aux évolutions. La routine, l'habitude, le territoire connu, ou un statut protégé sont sécurisants. Hélas, cette caractéristique souligne par essence la représentation de tout changement comme facteur de mise en danger. Cela bride les velléités créatives et certaines adaptations nécessaires.
C'est ce qui fait que pour l’instant, nous recherchions le plus souvent le rebond de filières en difficulté. C'est plus facile à concevoir pour le cerveau parce que plus rassurant. Ce sont en effet des filières connues, qui, pour certaines, ont été des fleurons de l'industrie.
Ainsi, l'on crée des plans de sauvetage, en injectant des fonds publics (dans l'industrie automobile par exemple) pour maintenir des entreprises ou des pans de l’économie. Des systèmes malades, ayant besoin de se réformer en profondeur, et même, pour certains peut-être, de disparaître. Le propos est dur, certes, mais il s’agit basiquement d’un principe biologique de survie collective, partagé par tout système vivant : le système qui ne s’adapte pas meurt. Darwin est toujours d’actualité pour nous le rappeler : « Ce ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes qui survivent, mais celles capables de s’adapter ».
Etre darwinien en économie
Nous avons (nous = pays d'Europe), dans l'histoire, souvent façonné le monde, hélas de manière impérialiste et dominatrice. Puis nous nous sommes endormis (nous = France) sur cette suprématie tout en continuant de nous penser comme une puissance mondiale. Et nous gardons quelque part cette espérance plus ou moins consciente que nous allons encore une fois dompter un monde dans lequel, aujourd'hui comme hier, ce que l'un gagne, l'autre le perd. Or cette vision gagnant-perdant nous empêche de voir la nécessité et l'intérêt de rapports plus collaboratifs. Comme l'indique Pascal Pick, paléoanthropologue, Maître de conférences au Collège de France, « Être darwinien en économie, ce n’est pas éliminer les autres mais écarter des pratiques et des modèles aux effets délétères pour la croissance et l’ensemble de la société ».
Car le monde en devenir ne s'adaptera pas à nous. Il est aujourd'hui connecté, de plus en plus transversal, avec des modes organisationnels où l'intelligence, la créativité est collective et l'information partagée. Notre vision française de l'économie, liée à des modes de pensée rigides, semble ainsi fossilisée et arc-boutée autour d'industries vieillissantes, de la compétition, d'organisations par trop pyramidales. Alors que de nouvelles sphères émergent, dans des cerveaux brillants, innovants, et de petites ou moyennes structures, qui sont parfois (souvent ?) contraintes d'aller s'expatrier pour trouver une ouverture d'esprit et des fonds et se développer. La Sillicon Valley continue d'être un attracteur majeur pour nos entrepreneurs.
Les structures de pensée et d'organisation de type "vieux monde" ne sont plus en phase avec la nouvelle économie, les applications qu'elle permet et les bouleversement qu'elle va entraîner. Par exemple, Google, qui a toujours un monde d'avance, s'intéresse et investit aujourd'hui des sommes colossales dans la santé. Le but ? Déjouer la mort ! Cela peut faire sourire certains. Pourtant, il y a fort à parier sur de prochains progrès majeurs de la recherche, grâce à la focalisation de Google. La créativité comme caractéristique principale de sa culture, ajoutée à des moyens énormes et une forte motivation liée à l'histoire personnelle de ses dirigeants, autant de conditions pour parvenir, sinon à l'immortalité, au moins à des avancées extraordinaires.
La seule chose permanente, c'est le changement
Il n'est pas question, bien sûr, d’abandonner les hommes lorsque des organisations disparaissent, mais bien au contraire de les aider étroitement à développer de nouvelles compétences et dépasser leurs craintes. En revanche il est illusoire, ainsi que le proclamait récemment Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, « d’entretenir de fausses illusions et d’engloutir cyniquement de l’argent public dans des activités qu’on sait condamnées. L’État peut faciliter les médiations industrielles ou les gâcher complètement. Le dossier Heuliez est un exemple tragique de gâchis industriel qu’il faudra absolument éviter à l’avenir. »
Il n'est pas question, bien sûr, d’abandonner les hommes lorsque des organisations disparaissent, mais bien au contraire de les aider étroitement à développer de nouvelles compétences et dépasser leurs craintes. En revanche il est illusoire, ainsi que le proclamait récemment Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, « d’entretenir de fausses illusions et d’engloutir cyniquement de l’argent public dans des activités qu’on sait condamnées. L’État peut faciliter les médiations industrielles ou les gâcher complètement. Le dossier Heuliez est un exemple tragique de gâchis industriel qu’il faudra absolument éviter à l’avenir. »
Il est crucial que les humains
des secteurs et des entreprises en naufrage puissent être accompagnés vers de nouvelles filières. Que les fonds publics soient alors
utilisés plus largement dans ces perspectives constructrices d’avenir que dans
des sauvetages impossibles.
Accompagner les collaborateurs
non seulement vers de nouvelles compétences, mais également vers de nouvelles représentations : le
changement de métier plusieurs fois en cours de vie est une des caractéristiques du
monde nouveau. Changement de « métier », pas seulement d’entreprise.
Il y a donc des deuils à faire, des résiliences à vivre, des paradigmes
individuels et collectifs et des habitudes à modifier. Cela peut faire peur aux plus anciens, mais les jeunes générations l'ont déjà intégré dans leur ADN, et c'est tant mieux. Jamais la vision d'Héraclite n'a été autant d'actualité : la seule chose permanente, c'est le changement.
Tout ceci demande évidemment du courage, de la
persévérance à tout le monde, individus et groupes, une reconnaissance de ce qui est, et de l’émotion
associée. Cela demande un nouveau regard, plus factuel, pour envisager
les ressources et les routes possibles. Ce n’est pas facile, car un contexte
d’incertitude ne rassure pas (et nous savons que notre cerveau a besoin de se rassurer). Il brouille, au travers du filtre de la crainte,
nos capacités à nous projeter de façon concrètement optimiste. En termes de
survie, il est souvent plus « utile » pour le cerveau d’envisager le
danger, afin de l’éviter ou de tenter de le combattre, que de se représenter un
chemin d’avenir et une opportunité potentielle.
La transformation demande aussi
beaucoup aux systèmes collectifs : là également, du courage est
nécessaire. Mais il faut aussi aux entreprises et aux systèmes politiques plus
de connaissances, un regard systémique acéré, une honnêteté intellectuelle, un
travail émotionnel, doublé d’une capacité de vision tournée vers l’avenir plutôt que vers un Eldorado des années
70 qui ne reviendra plus.
Une forêt de ressources... à valoriser
Mais véritablement, parallèlement au vieux monde qui souffre et fait souffrir, la forêt pousse !
Mais véritablement, parallèlement au vieux monde qui souffre et fait souffrir, la forêt pousse !
Des entreprises meurent, c’est
malheureusement vrai. Mais d’autres naissent, avec un niveau de compétences et de connaissances souvent élevé (qui demande une adaptation des systèmes de formation),
et apportant des technologies nouvelles dans presque tous les secteurs de la
vie économique.
Cette forêt-là est agile, plus horizontale que verticale, prête
à des collaborations diverses et inattendues, à des regroupements et des partages de
ressources, ouverte à des idées nouvelles, à l’écoute des besoins du monde, du progrès humain en évolution et dans une démarche créative permanente.
De petites
et moyennes entreprises françaises, très innovantes, réussissent à faire leur place sur des
marchés de niche. Une des caractéristiques que ces structures ont la plupart du
temps en commun, c’est l’audace. De celle qui réduit, dans le cerveau, l’activité
des zones gérant la peur (l’amygdale cérébrale) permettant ainsi plus de
créativité. Cette audace se produit souvent lorsqu'il y a passion. La motivation est alors plus forte que les craintes.
Nous avons en France de réelles et nombreuses ressources de compétences, de savoirs, de savoir-faire, pour penser, investir et construire les transformations au lieu d'en être les simples témoins effrayés. Une myriade d’entreprises
et de nouvelles technologies sont en train de transformer / façonner nos relations et processus
professionnels, sociétaux ainsi que notre économie. Elles sont en train de constituer le nouveau tissu industriel. Car l'industrie n'est pas morte, bien au contraire ! Elle change de visage, est devenue numérique, fait appel à des compétences de haut niveau et assez peu à de la main d’œuvre non qualifiée. Les services sont aujourd'hui partie intégrante de l'industrie (et 61 % des ingénieurs exercent leur art dans les services). Il est important de pouvoir les considérer sous ce nouvel angle afin de valoriser leur intérêt, de faciliter et professionnaliser encore leur développement.
Il est également capital de transformer le monde universitaire et ses schémas. Les profs ne connaissent pas l'entreprise et la voient souvent comme le diable. Comment pourraient-ils aider les étudiants à s'y intégrer et à entreprendre eux-mêmes ? Dans bien des cursus (notamment scientifiques) les initiatives pour préparer les étudiants à la vie professionnelle ne sont pas soutenues par les professeurs, et sont essentiellement perçues comme des moyens de glaner quelques points supplémentaires pour valider un diplôme. Nous sommes loin des campus américains intégrant la vie des entreprises au travers de collaborations diverses avec elles. Les modèles américains ne sont pas forcément enviables sur tous les plans, mais il peut être bon de s'inspirer de ceux qui fonctionnent bien.
La technologie au cœur de la forêt !
Parmi toutes ces pépites de transformation, l'on peut citer quelques exemples :
Il est également capital de transformer le monde universitaire et ses schémas. Les profs ne connaissent pas l'entreprise et la voient souvent comme le diable. Comment pourraient-ils aider les étudiants à s'y intégrer et à entreprendre eux-mêmes ? Dans bien des cursus (notamment scientifiques) les initiatives pour préparer les étudiants à la vie professionnelle ne sont pas soutenues par les professeurs, et sont essentiellement perçues comme des moyens de glaner quelques points supplémentaires pour valider un diplôme. Nous sommes loin des campus américains intégrant la vie des entreprises au travers de collaborations diverses avec elles. Les modèles américains ne sont pas forcément enviables sur tous les plans, mais il peut être bon de s'inspirer de ceux qui fonctionnent bien.
La technologie au cœur de la forêt !
Parmi toutes ces pépites de transformation, l'on peut citer quelques exemples :
- Les machines interconnectées à distance grâce à des cartes SIM en dialogue. Une technologie en plein développement et de plus en plus utilisée dans les secteurs de la santé, du transport, la télésurveillance…
- Les modes de financement participatifs des projets grâce aux plateformes de crowdfunding qui diversifient leurs approches, apportent des solutions collaboratives, et permettent de contourner les systèmes bancaires rigides et peu visionnaires.
- Les biotechnologies qui offrent des perspectives étonnantes dans le domaine de la santé, de l'agriculture, de la préservation de l'environnement, de la production d'énergie.
- La robotique, les technologies médicales, la biologie moléculaire, qui offrent d'extraordinaires perspectives de chirurgie mini-invasive, de prévention santé et de nouveaux espoirs pour le traitement de l'épilepsie, de la maladie de Parkinson, et de nombreuses autres pathologies.
- Les applications incroyables que semble permettre l'imprimante 3d : santé (prothèses sur mesure) recherche fondamentale (impression de tissu organique réduisant considérablement la recherche sur les animaux, impression de cellules souches...) etc.
- Les métiers traditionnels eux-mêmes sont en train de se transformer en intégrant technologies et innovation. Véronique Furlan, directrice de SEPR Lyon (centre de formation professionnelle) le constate dans l'évolution de la formation professionnelle. Elle parle avec enthousiasme d'une "dynamique d'innovation". Et elle indique que l'innovation n'est pas réservée à quelques secteurs, loin s'en faut, mais se développe et est utilisée dans bien des domaines. "La technologie, en lien avec des compétences transversales et transférables, rapproche et modernise des secteurs aussi différents que la bijouterie, l'ébénisterie et la fabrication de prothèses dentaires. Cela ouvre des possibilités d'évolutions de carrières et de métiers. Par exemple, certains métiers ont été modifiés par la notion de développement durable. Un électricien aujourd'hui doit compter avec de nouveaux matériels auxquels il devra adapter sa pratique. Les coiffeurs opèrent un "verdissement" avec l'arrivée des produits bio, les ébénistes doivent intégrer l"écoconception", et se soucier de la provenance des matériaux, du type de montage et de recyclage ...".
Ces quelques exemples (bien loin d'être exhaustifs) n'ont pour but que d'illustrer de nouvelles manières de penser et d'agir, influençant l'activité professionnelle, l'évolution de l'économie, de la société, des modes de vie et les consciences aussi.
Notre rapport à la
santé, à l’énergie, à l’environnement, à l’éducation, aux échanges, à la
production de biens, de services, à la compétence, à la formation initiale et continue…, un grand nombre de paradigmes inédits sont
en train de se dessiner. Les contours ne sont pas encore nets. Les bouleversements sont générés dans un grand nombre de domaines. On
comprend que beaucoup de systèmes aient le sentiment de perdre presque tous les
repères.
Si certains luttent, tentent de résister, de retarder cette mue collective, d'autres, comme nous l'avons vu plus haut, décident de co-construire les nouvelles interactions, les nouveaux modèles économiques et sociaux. De regarder le présent et l’avenir plutôt que le passé. D'autres pays que la France sont d'ailleurs déjà loin devant nous dans ces constructions.
Si certains luttent, tentent de résister, de retarder cette mue collective, d'autres, comme nous l'avons vu plus haut, décident de co-construire les nouvelles interactions, les nouveaux modèles économiques et sociaux. De regarder le présent et l’avenir plutôt que le passé. D'autres pays que la France sont d'ailleurs déjà loin devant nous dans ces constructions.
La stratégie
appropriée, pour faire partie de la forêt qui pousse, serait de faire des choix
de plantations systémiques et responsables. Davantage guidés par l’ouverture et
l’envie que par la crainte. Un beau chemin de vie sociétal et individuel…
Ne vivons-nous pas une
époque formidable ?
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