Beaucoup d’entre nous ont,
diffuse ou claire, une perception de la société globalement anxiogène, insécurisante
et instable, où l’urgence, oppressante, rend difficile toute projection
positive dans le temps. Le ressenti d’un risque est palpable. Quel risque ?
On ne sait vraiment, mais le sentiment de danger (actuel ou futur) s’exprime
dans les conversations de bureau, les dîners de famille, les échanges dans les
transports en communs…
Si le contexte économique difficile
explique en partie ces sentiments, il n’en est qu’un élément. Et sans doute pas
le plus déterminant.
Profil-Leader s’est amusé à
passer au crible 15 minutes de diffusion télévisée sur des chaînes dites « d’information
en continu ». Nous avons restitué dans le tableau ci-dessous, pour les
lecteurs de ce blog, un petit descriptif synthétique des mécanismes de
communication de ces chaînes :
Thème
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Formulation / Langage des commentateurs
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Émotion stimulée
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Processus exploité
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Un cargo dans la tempête à Anglet
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Le
cargo menace de se briser en 3
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Peur
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Action
simple sur les canaux auditifs et visuels par le langage parlé et écrit sur
le bandeau du bas d'écran.
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Le
cargo est à l'épreuve des vagues
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Impressionnante
carcasse
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Colère
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Recherche
de responsabilité pour faire monter la tension
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Qui
a pris la décision ?
Y-a-t-il
eu faute dans la prise de décision ?
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Des
vagues d'une violence inouïe
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Peur
/ Colère
|
Action
simple sur les canaux auditifs et visuels par le langage parlé et écrit sur
le bandeau du bas d'écran.
|
Des
vagues de plusieurs mètres de hauteur
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Peur
|
Des
images spectaculaires
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Peur
|
Les
marins sont extrêmement choqués
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Peur
/ Tristesse
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Activation
empathique
|
Le
risque de pollution
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Peur
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"Teasing"
suggérant qu'il y aura une suite
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Il
y a encore du carburant dans les réservoirs, c'est ça qui inquiète
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L'inquiétude
monte d'un cran à Anglet
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On
craint pour les réservoirs avec cette épave qui n'est toujours pas
stabilisée.
|
La
coque est en train de se disloquer petit à petit
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C'est
très compliqué pour les professionnels de travailler en raison de la forte
houle
Anglet
: pollution limitée ?
|
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Peur
|
Renforcement
émotionnel par l'action du canal visuel par le titre du bandeau du bas
d'écran
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Météo
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VIGILANCE
(4 niveaux de vigilance affichés)
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Peur
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Canal
visuel sous pression : les mots écrits en majuscule
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Tempête
qui gronde
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Peur
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Canal auditif
: mots forts + débit de parole très rapide pour augmenter la perception d'urgence
et de risque
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Menace
de tempête
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Peur
|
Prudence
dans les zones sud
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Peur
|
Des
vents violents
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Peur
|
Météo
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Les
bretons sont excédés
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Colère
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Activation
d'une forme de révolte contre les éléments
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La
nuit prochaine ça se dégrade, nouvelle menace de tempête sur un gros quart Nord-Ouest
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Peur
/ Colère
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La
pluie gagne la partie Est
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Peur
/ Colère
|
Malheureusement
cette période de très mauvais temps est loin d'être terminée.
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Pluies,
crues et fortes vagues, la Bretagne s'attend encore une fois au pire
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Colère
/ Peur
|
Tempêtes
en série
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Peur
/ Colère
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Affaire
Vincent Lambert
|
La
famille est divisée
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Tristesse / Colère
|
Activation
empathique vers l'apitoiement et aussi la révolte. Chacun y va de son opinion et de ses projections.
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La
famille se déchire autour de Vincent Lambert
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Dans
cet institut de soin, l'affaire Vincent Lambert inquiète
|
Le
procès de Christian Iacono
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Fatigué
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Tristesse
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Activation
empathique vers l'apitoiement
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Le
petit fils demande pardon à son grand-père
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Christian
Iacono, 79 ans, fatigué par 14 années de procédure
|
Grand-père
et petit-fils ne se sont pas parlé depuis 3 ans.
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Chaînes d’info... ou chaînes de tension ?
Ces mécanismes, à eux seuls,
remettent en question le qualificatif de chaîne « d’info ». Car ce
qui est présenté en continu n’est que très peu informatif. Ce dont il s’agit c’est
de stimuler, tout au long de la journée, nos trois émotions primaires : la
peur, la colère et la tristesse. Et cela en sollicitant plusieurs canaux
sensoriels : par les mots employés, les bandeaux de titres, les images
présentées, le ton de voix, le rythme d’enchaînement des sujets de même que le
rythme de la diction.
Notre amygdale cérébrale, gestionnaire de nos émotions (principalement la peur) est ainsi activée, voire suractivée, par la sensation de danger perpétrée par la dramatisation du traitement de l'information.
Dans quel but ? Maintenir la
tension, et donc l’attention du téléspectateur. La tension est soigneusement entretenue,
permettant ainsi de cultiver chez le spectateur, une attente de la suite des
événements. Une attente à laquelle on n’échappe que difficilement, car l’exacerbation
émotionnelle produit une décharge d’adrénaline et de noradrénaline qui va nous
maintenir « scotchés » à l’info, attendant la prochaine salve, qui
pourrait être encore plus importante. Le plus incroyable talent de ces chaînes
est de prolonger notre attention alors même qu’aucune nouveauté ne survient.
Cette forme de « journalisme » utilise le teasing pour nous garder
présents et attentifs. Par exemple (relevé textuellement lors d’un fait divers) :
« Eh bien oui Bruce, nous
nous trouvons actuellement devant le Palais de Justice où il ne se passe rien
pour l’instant. Aucune information n’a filtré, mais la tension est palpable car
le verdict est attendu d’une minute à l’autre. Nous vous tiendrons bien sûr
informés à l’instant même où nous aurons de nouvelles informations. »
Ainsi, tous les événements sont
traités sur le même plan. La dramaturgie est la même, que l’on parle d’un cargo
échoué, d’un accident ferroviaire, d’une inondation, de l’audition de l’infante
d’Espagne, d’un meurtre d’enfant, d’un raté de communication politique, de la
guerre en Syrie ou en Centre Afrique, des affaires de couple d'un président, de la naissance d’un enfant royal, d’un
scandale médical ou d’un soupçon de corruption de quelques membres d’une équipe
de handball.
L’amplificateur « réseaux
sociaux »
Souvent relayés sur les réseaux
sociaux (ou en provenance des réseaux), les événements connaissent un
amplificateur émotionnel auto-alimenté qui va entretenir et propager le
sentiment d’urgence, d’anxiété et de colère. Le degré émotionnel va crescendo,
alimenté par les partages et les commentaires incisifs, sans nuance, aux
phrases courtes et péremptoires, aux jugements à l’emporte-pièce parfois agressifs,
expressions même d’un repli sur les instincts de protection.
Réseaux sociaux (qui peuvent aboutir
à des actions extraordinaires comme à actes et des propos répréhensibles) et
journaux télévisés se relaient pour entretenir cette contagion émotionnelle
négative produisant ce sentiment perçu d’une société violente et inquiétante.
Le sentiment entretenu d’un
danger immanent et imminent
Voici une liste réelle de titres
recensés sur quelques semaines dans les journaux télévisés et papier :
-
Faut-il avoir peur des vaccins ?
-
Faut-il avoir peur de la Chine ?
-
Faut-il avoir peur du géant du web ?
-
Faut-il avoir peur du saumon d’élevage norvégien ?
-
Faut-il avoir peur de la pilule ?
-
Faut-il avoir peur des marchés émergents ?
-
Faut-il avoir peur du partenariat avec l’Amérique ?
-
Faut-il avoir peur de l’ordinateur quantique
construit par la NSA ?
-
Faut-il avoir peur du Pakistan ?
-
Faut-il avoir peur du bitcoin ?
-
Faut-il avoir peur du gaz de schiste ?
-
Faut-il avoir (encore) peur de la finance ?
-
Faut-il avoir peur de l’Allemagne ?
Nul besoin d’avoir de grandes
connaissances en neurosciences pour comprendre que la distillation régulière (ou plutôt le matraquage) des mots
« peur », « agression », « insécurité »,
« sécurité », « inquiétude », « crainte », « violence », « menace » …
va inévitablement produire le sentiment d’un danger immanent.
Pourquoi n’activer que les
émotions négatives ?
On peut effectivement se demander
pourquoi les medias ne stimulent pratiquement que nos émotions négatives. Pour
trois raisons essentielles :
1 . La facilité, appuyée par notre
biologie
En effet, il est facile et
efficace d’utiliser l’émotion (négative ou positive) pour capter notre
attention. Et il est vrai que, dans sa logique de survie, le cerveau humain va
être particulièrement focalisé sur les alertes aux dangers potentiels, qu’ils
soient réels ou créés. Et les trois émotions négatives sont dédiées à cet
objectif de survie : la peur, pour fuir, la colère, pour lutter, et la
tristesse, pour se figer en espérant que le danger disparaisse.
2 . Les habitudes
La tradition journalistique a
toujours fait appel à des ressorts émotionnels. Plus ou moins, selon les
tendances et sensibilités éditoriales, mais il y a longtemps que l’on sait que
le drame fait vendre du papier et produit de l’audimat. Mais l’arrivée des
chaînes « d’info » continue, soumises à la loi du maintien/augmentation
de l’audimat, a développé, systématisé et surmultiplié ce processus. En effet,
les événements nouveaux ne s’enchaînant pas à chaque seconde, il faut donc
trouver des leviers d’attention autour des unes choisies. La stimulation de la
triade peur-colère-tristesse est alors le moyen rapide et économique d’atteindre
l’objectif. Or le traitement anxiogène de l’information génère, de façon
cohérente, des valeurs, attitudes et comportements défensifs, d’exclusion,
conformes aux états de défenses de notre instinct de survie.
3 . La croyance que les trains qui
arrivent à l’heure n’intéressent personne car ils sont un non-événement
C’est une idée, semble-t-il,
assez répandue dans les milieux journalistiques. Bien sûr, présenter les choses
de cette manière et avec ce type d’exemple de banalité rend crédible cette
croyance. Néanmoins, au regard du cerveau, des travaux et des études neuroscientifiques,
il est démontré que les émotions positives ressenties, l’optimisme et la vision
positive des éléments renforcent les défenses immunitaires et donc un meilleur
état de santé et prolongent la vie des personnes. Les optimistes vivent mieux
et plus longtemps que les personnes soumises au stress et à la dépression.
L’optimisme s’appuie sur la
faculté de percevoir le monde au travers de filtres émotionnels positif. Or cette
capacité d’optimisme s’éduque et se cultive si elle n’est pas « câblée d’origine »
pourrait-on dire. (Voir tous les travaux de psychologie positive de Martin
Seligman de l’Université de Pennsylvanie et les travaux d’Aaron Beck, père de
la thérapie cognitive, et de son équipe qui ont mis au point un programme en 12
sessions « Penn Resiliency Program). Et cette aptitude à l’optimisme pourrait donc
notamment s’éduquer au travers des médias, qui ont une forte responsabilité
dans la construction du climat émotionnel globalement partagé. Ils pourraient
ainsi véritablement contribuer à l’amélioration du climat sociétal ambiant et à
l’amélioration de la santé publique en modifiant les ressorts émotionnels qu’ils
activent.
Stimuler la joie, l’optimisme et
la projection positive dans un futur plus serein et plus riant est tout à fait
possible.
Il faut pour cela s’intéresser aux innombrables initiatives
citoyennes, aux actions et essais collectifs d’innovations sociales, aux
inventions scientifiques, importantes ou plus modestes, qui ont lieu régulièrement,
ou encore à la créativité incessante dont font preuve des entreprises et des
individus. Tout autant de sujets autour lesquels il est possible de mobiliser l’intérêt
voire la passion du public et de contribuer à une identification et une
perception plus positive de notre époque et de l’avenir. Cet autre levier
émotionnel permettra le développement des valeurs, attitudes et comportements d’ouverture,
cohérents avec les émotions générées. Certains journalistes partagent d’ailleurs
ce point de vue et cette envie (« L’horreur médiatique » - Jean-François
Kahn). Mais au-delà des mots, bien peu s’inscrivent pour l’instant concrètement
dans un mouvement constructif.
Les leviers émotionnels positifs font aussi partie de nos fondamentaux biologiques. Ils
sont sans doute plus long à activer et demandent certainement un travail plus
approfondi, une meilleure connaissance du cerveau et de ses mécanismes. Pour
autant, cette autre dynamique est possible et est efficace pour générer un
climat général porteur d’une projection optimiste, et de la confiance dont tout
humain a besoin pour sortir des replis instinctifs, et sortir enfin de la crise que nous vivons. Les initiatives positives et porteuses de sens, d'avenir, et de progrès humain existent. Elles méritent d'être portées à la connaissance de tous, d'être valorisées et encouragées. Gageons que le crowdfunding, entre autres, contribuera à cette nouvelle dynamique.
Profil-Leader étant résolument
optimiste, nous faisons le pari que la tendance positive va finir par l’emporter. Et
surtout, nous espérons que le sujet traité aujourd’hui sur ce blog n’ajoutera
ni à la colère ni à l’anxiété du lecteur, mais qu’il aura permis de montrer d’autres
ressorts possibles au regard du cerveau.
Pour une autre approche des média ces quelques minutes de vidéo par Gilles Vanderpooten, directeur des programmes à Reporters d'espoir :
"Business et sens : les médias doivent inciter à l'action"