Sans rapport avec l’engouement et
la mode actuels (qui ne surviennent néanmoins pas par hasard) les neurosciences
s’intéressent depuis une trentaine d’années aux effets, aujourd’hui démontrés, de
la méditation sur le corps et le cerveau.
La pratique méditative est un des centres d’intérêt (et de préconisations)
de Profil-Leader, sur ce blog et dans l’accompagnement de nos partenaires. Parce que les neurosciences apportent des preuves des effets positifs sur le bien-être et la santé, démontrant ainsi l'utilité d'une pratique partagée de longue date par de nombreuses cultures ancestrales.
Il est intéressant de regarder les deux sens du mot méditer, qui incitent à en savoir davantage.

En effet, dans l’acception commune, méditer est souvent entendu comme l’activité de réfléchir, penser,
murir un sujet. Pourtant, si l’on reprend sa racine étymologique, méditer
provient du latin MEDEOR, signifiant SOIGNER, qui a donné le mot REMEDE. C’est,
bien sûr, l'angle qui nous a interpelés et qui a toujours guidé notre interrogation
des sciences sur le sujet.
De quel type de
recherche parle-t-on ?
La recherche médicale et
neuroscientifique s’attache à l’étude de la méditation dans ses effets sur la
santé et le cerveau. Elle appuie sa
démarche sur l’observation des mécanismes cérébraux qui sous-tendent la
méditation et de paramètres mesurables pendant et au-delà des séances. Elle
utilise pour cela outils technologiques, analyses physiologiques et outils
statistiques :
- Imagerie cérébrale fonctionnelle
- Électroencéphalogrammes
- Electrocardiogrammes
- Analyses sanguines
Loin du cartésianisme et de la séparation du corps et de l'esprit, les neurosciences ont montré que l'esprit, la pensée, fait partie intégrante du corps. Et que nos pensées et émotions impactent nos sensations physiques. Inversement, nos états corporels ont des conséquences sur nos pensées. C'est à partir de ce "mécanisme" que la méditation a une action positive sur les sensations corporelles, et notamment sur le soulagement de certaines douleurs. Le principe de la méditation est d’amener
le pratiquant à la focalisation de l’attention sur les sensations du moment présent. Ce centrage permet ainsi de réduire la perception (et
ainsi la sensibilité) des perturbations internes et externes, et à réguler/apaiser l’activité
de pensée. Plusieurs « techniques »
sont utilisées pour atteindre l’état méditatif : centrage sur la
respiration, focalisation sur un objet ou une lumière… Et plusieurs types de
méditation se distinguent : la méditation de pleine conscience, la
méditation de la compassion, et d’autres encore. Les recherches incluent
également les techniques de relaxation.
Précisons que la méditation peut être laïque et n’est pas forcément l’expression d’une pratique religieuse. D’ailleurs, nombre de personnes pratiquent régulièrement le yoga sans pour autant adhérer à une religion, ou sans renoncer à honorer leur religion habituelle. Or le yoga est méditation. Cette "laïcisation" de la pratique méditative est due à un docteur en biologie moléculaire, Jon Kabat-Zinn, de l'Université du Massachusetts, qui a adapté cette pratique depuis les années 70 pour les méditants non religieux, à des fins médicales. Il a créé le "programme de réduction du stress à partir de la pleine conscience", qui intègre yoga et autres méditations. Les effets sur la réduction des douleurs chroniques, sur la régulation du stress et sur l'amélioration des états dépressifs font aujourd'hui référence.
Précisons que la méditation peut être laïque et n’est pas forcément l’expression d’une pratique religieuse. D’ailleurs, nombre de personnes pratiquent régulièrement le yoga sans pour autant adhérer à une religion, ou sans renoncer à honorer leur religion habituelle. Or le yoga est méditation. Cette "laïcisation" de la pratique méditative est due à un docteur en biologie moléculaire, Jon Kabat-Zinn, de l'Université du Massachusetts, qui a adapté cette pratique depuis les années 70 pour les méditants non religieux, à des fins médicales. Il a créé le "programme de réduction du stress à partir de la pleine conscience", qui intègre yoga et autres méditations. Les effets sur la réduction des douleurs chroniques, sur la régulation du stress et sur l'amélioration des états dépressifs font aujourd'hui référence.
Modification de l’activité
cérébrale et régulation émotionnelle
Le constat étonnant est que les
pratiquants modifient l’activité de leur cerveau, ainsi
que le démontre l’imagerie médicale. Par exemple, les tests dits de « distraction
émotionnelle » montrent que l’amygdale cérébrale, zone de déclenchement
des émotions (principalement la peur) est moins active chez les pratiquants de
la méditation. C’est de cet apaisement de l’activité amygdalienne que provient
l’apaisement et la stabilité émotionnelle. Les très grands pratiquants ont une
activité de l’amygdale très réduite, y compris, et c’est le plus étonnant,
celle relevant des automatismes. Ces contemplatifs développent une forme d’attention
à l’instant présent particulière permanente,
même en dehors des moments de pratique.
![]() |
L'amygdale cérébrale, en rose |
habituels qui augmentent la souffrance sont en effet fortement réduits. La méditation n’empêche pas les événements douloureux de survenir, mais elle amène les pratiquants à réduire la sensibilité et à maîtriser leurs réactions aux situations désagréables. Elle permet aussi de faire la différence entre les pensées et la vérité.
L’excellente nouvelle, c’est que
quelques semaines de pratique régulière suffisent à ressentir des effets réels
et bénéfiques : sur l’apaisement des tensions et même sur l’amélioration
des défenses immunitaires.
Effets bénéfiques
sur la santé physique et mentale
Les travaux des chercheurs ont
ainsi mis en évidence un grand nombre d’effets positifs importants sur la santé
mentale et physique des pratiquants. Ces effets sont communs à toutes les
formes de méditation, sont constatés en temps réel puis sur la durée. L’on peut
citer notamment :
- Régulation des émotions
- Réduction du stress (par une moindre sécrétion de cortisol)
- Augmentation de la capacité de conscience et d’attention
- Amélioration des défenses immunitaires
- Régulation de la tension artérielle
- Sensibilité à la douleur amoindrie
- Réduction des symptômes dans certaines maladies (psoriasis, douleurs chroniques)
- Amélioration de la qualité du sommeil
Collaboration entre scientifiques
et méditants
C’est dans les années 80, sous l’impulsion
de Francisco Varela, neurobiologiste chilien, et du Dalaï Lama que se sont
dessinés les premiers rapprochements entre recherche scientifique et bouddhisme.
En 1987, ils fondent le Mind and Life Institute, espace de recherche collaborative
et de dialogue rassemblant de nombreux scientifiques s’attachant à étudier les
mécanismes cérébraux des méditants.

Parmi les contributeurs de l’institut, on trouve des
personnalités telles que Matthieu Ricard (moine et co-participant à des
recherches scientifiques durant des années) et des scientifiques émérites tels
que Wolf Singer, Paul Ekman, ou Daniel Batson. Chaque année l’institut
organise une université d’été qui réunit, sur un thème défini, plus de 1000 chercheurs du monde entier,
jeunes et moins jeunes, des philosophes, et bien sûr des pratiquants. Échanges,
présentations scientifiques, pratique de méditation alternent durant une
semaine complète.
Par ailleurs, en Octobre prochain se tiendra à Berlin le 2ème
symposium international sur la recherche contemplative organisé par l’institut. "Les participants incluent des chercheurs en neurosciences, des
cliniciens, des spécialistes de l’éducation, des philosophes, des
économistes, et des contemplatifs, qui vont interagir autour du thème du
« Changement personnel et sociétal sous l’angle des sciences
contemplatives. »" (extrait du blog de Matthieu Ricard).
Des travaux sont aujourd’hui continuellement
menés sur le sujet de la méditation et ses effets sur le bien-être humain, dans
les laboratoires les plus prestigieux et par d’éminents cerveaux. Citons par
exemple : Brent Field et Jonathan Cohen à Princeton, Paul Ekman et Robert
Levenson à Berkeley, Tania Singer à l’Institut Max Planck à Liepzig, Richard Davidson
et Antoine Lutz (chercheur français) à Madison – Wisconsin.
Des recherches sont également en
cours sur les applications possibles dans le système éducatif, pour permettre
aux enfants de réduire leur anxiété et d’aborder la vie de manière plus
positive.
Notons enfin que de plus en plus d'entreprises s'intéressent de près aux bénéfices de la méditation (Mindfulness) sur les personnes, leur santé, leur bien-être, et leur ouverture positive. Par ailleurs, la faculté de médecine de Strasbourg propose depuis 5 ans un diplôme "Médecine, méditation et neurosciences" pour les intervenants de la santé. Un DU sur 6 semaines incluant des cours théoriques et une pratique quotidienne de la méditation.
Sources :
Passerelles, entretiens avec des scientifiques
sur la nature de l'esprit, F. Varela avec le dalaï-lama
et Jeremy Hayward, Albin
Michel 1995, (livre des Actes du colloque Mind and Life Institute (1987)
Intensive meditation training,
immune cell telomerase activity and psychological mediators in
psychoneuroendocrinology – T. Jacob
Méditer jour
après jour – Christophe André
Long-term meditators self-induce
high-amplitude gamma synchrony during mental practice” PNAS, 2004- Antoine Lutz,
Lawrence L. Greischar, Nancy B. Rawlings, Matthieu Ricard et Richard J.
Davidson
Buddhist and Psychological Perspectives on Emotions and Well-Being - Paul Ekman Richard J. Davidson, Matthieu
Ricard, et B. Alan Wallace : http://psyphz.psych.wisc.edu/web/pubs/2005/Ekman_etal_CurrDirPsychSci.pdf
Mind and Life Institute : http://www.mindandlife.org/